L'univers télévisuel en mutation. Reconfigurations génériques et spectatorielles des formats non-fictionnels événementiels à l'ère numérique

L'univers télévisuel en mutation. Reconfigurations génériques et spectatorielles des formats non-fictionnels événementiels à l'ère numérique

Cette recherche a pour objectif de décrire et d'analyser le développement au Québec des formats d'émissions non-fictionnels à caractère événementiel. L'étude de ces concepts d'émissions, parmi les plus populaires actuellement, servira d'angle d'approche permettant de documenter les transformations de l'industrie télévisuelle à l'ère numérique, en nous attardant autant au contenu de ces nouveaux formats, aux stratégies de production qui leur sont associées, qu'aux nouveaux modes de consommation et d'accès à la "visibilité" que ceux-ci représentent pour les publics.

Dans un contexte caractérisé par une forte concurrence des plateformes numériques et une perte de revenus publicitaires pour les diffuseurs généralistes, de nouveaux formats d'émissions ont fait leur apparition, lesquels ont donné lieu au Québec à plusieurs adaptations qui comptent parmi les plus grands succès de cotes d'écoute des dernières années ("La Voix", "Révolution", "Occupation double", "Les Chefs", etc.). Les dispositifs de ces nouveaux formats - qui n'ont pour l'instant fait l'objet d'aucune étude scientifique au Québec - proposent de nouveaux processus de médiation des rapports sociaux, de redistribution du capital de visibilité des individus au sein de la sphère publique, tout en encourageant de nouveaux modes de participation et réception de la part du public.

Afin de proposer une étude complète de ce phénomène médiatique exemplaire des mutations de l'industrie télévisuelle québécoise à l'ère numérique, cette recherche s'articulera en quatre temps: une première étape consistera à documenter les structures industrielles et à cartographier la place qu'occupent dans la programmation contemporaine les formats d'émissions non-fictionnels à caractère événementiel, à travers un recensement de l'offre de programmes des chaînes généralistes francophones disponibles au Québec et des entretiens avec des directeurs de programmation. Une étude sociosémiotique d'un corpus plus restreint permettra ensuite de décrire et d'analyser les différents éléments propres à ces émissions (orientation thématique, structuration, cadre situationnel, mises en scène verbales et visuelles), puis d'en évaluer les enjeux relatifs à la mise en scène des rapports sociaux, et plus particulièrement ceux qui sont liés à la visibilité. Nous procéderons ensuite à des entretiens semi-dirigés avec des membres choisis du public afin de comprendre les différents types de rapport et de pratiques interprétatives reliées à ces émissions. La dernière étape de la recherche consistera en une ethnographie en ligne, ou veille des médias, afin d'étudier les pratiques et les représentations sociales des téléspectateurs de ces émissions, en vue de déterminer les formes de participation et d'interaction qu'elles permettent et proposer une catégorisation des types de nouveaux "rapports à la télévision".

Ce projet contribuera ainsi à une compréhension fine du potentiel d'innovation des stratégies industrielles et des capacités d'adaptation des acteurs médiatiques plus traditionnels. Du point de vue des pratiques culturelles, le projet permettra également de documenter de nouveaux modes de consommation et de nouveaux rapports à la télévision, aussi bien individuels que collectifs. Bref, au sein d'une industrie télévisuelle affectée par d'importantes transformation de ses dispositifs et plus largement par la numérisation des contenus, ce projet devrait aboutir à une cartographie à la fois socioéconomique et socioculturelle de la réception/consommation, ainsi que de la production/diffusion des nouveaux formats télévisuels, ce qui servira autant à la communauté des chercheurs qu'aux milieux professionnels de production, tout en nourrissant le débat public autour de la place grandissante des médias dans nos vies.

Chercheur principal

Cochercheur

Collaborateurs

  • Margot Ricard
  • Anouk Bélanger
  • Katharina Niemeyer

Financement

  • Savoir (CRSH)
    2020 - 2025