Un cinéma engagé. Les films d’Anne Claire Poirier, 1968-1975

Étude de trois films d’Anne Claire Poirier – De mère en fille, Les Filles du Roy et Mourir à tue-tête – réalisés à l’Office national du film entre 1967 et 1979, période qui correspond à l’avènement du cinéma des femmes, des mouvements et de la pensée féministes au Québec. Chaque film à l’étude sera commenté suivant diverses perspectives analytiques (ex. esthétique, narratologique, sociologique, thématique) et inscrit dans le contexte sociohistorique et politique de l’époque, de même que dans celui de la production cinématographique de l’ONF, qui soutenait la réalisation de films documentaires, et à plus forte raison le cinéma direct. 

L’ouvrage a pour objectif premier de faire connaître, à l’aide de trois films parmi les plus importants de la production féminine de cette période, l’engagement d’Anne Claire Poirier pour la cause des femmes (questionnement sur la place des Québécoises dans les sphères privées et publiques et dans l’histoire du Québec, représentation des femmes à l’écran) et leur participation active au sein de l’ONF. Par son travail de monteuse, de productrice et de réalisatrice, Poirier a pavé la voie aux femmes pour leur léguer une place dans une institution dont la mission ne consistait pas à promouvoir la création au féminin, à l’exemple du centre de production et de distribution Vidéo Femme, créé à Québec en 1973, et du Groupe Intervention Vidéo, établi à Montréal en 1975. 

Cette étude ambitionne donc de rendre hommage, au moyen d’un travail de recherche, notamment dans le Fonds Anne Claire Poirier (Cinémathèque québécoise), et d’analyse filmique, aux réalisations d’une des pionnières du cinéma des femmes au Québec. Elle vise aussi à mettre en lumière l’engagement profond de la cinéaste pour la cause des femmes, qui se traduit par la pratique d’un cinéma politique, c’est-à-dire « […] engagé dans le mouvement de libération le plus important de notre époque » (Poirier, 1980), et la réalisation de films dérangeants qui déjoue constamment les attentes du public.