Traces et tracés de l'écriture dans les archives des écrivains

Traces et tracés de l'écriture dans les archives des écrivains

Notre programme de recherche propose une réflexion d'envergure sur les archives d'écrivains québécois dont l'originalité tient principalement à trois facteurs : nouveauté des approches théoriques et méthodologiques ; composition variée et nouvelle du corpus ; confrontation et mise en commun des analyses.

Plutôt que de privilégier les manuscrits des oeuvres proprement dits conservés par les écrivains, notre recherche s'intéressera aux divers types de documents scripturaux qui s'élaborent dans leur périphérie et qui sont engrangés sur divers supports et dans divers lieux : esquisses, fragments, listes, plans, notes, cahiers, carnets, journaux, correspondance, etc. Ces objets, auxquels la génétique littéraire ne s'intéresse que depuis fort peu de temps, se situent dans un espace plutôt marginal et trop peu fréquenté des archives des écrivains. Afin de comparer les pratiques scripturales et, surtout, d'élargir le champ d'investigation, notre corpus sera constitué de documents inédits appartenant à plusieurs fonds d'archives de poètes et d'auteurs dramatiques québécois ; en outre, la recherche sera articulée selon trois volets complémentaires correspondant aux champs de spécialité des chercheurs de l'équipe : « Éclats d'œuvres et débris : les carnets des poètes » (Jacinthe Martel, UQAM) ; « La prose de Gatien Lapointe : journal, correspondance littéraire et notes éparses » (Jacques Paquin, UQTR) ; « Les détours de l'écriture du texte de théâtre » (Yves Jubinville, UQAM). L'une des caractéristiques de ce programme de recherche est de se situer au croisement des travaux de chercheurs de provenance différente qui se penchent sur des objets aux contours similaires, mais qui sont liés à des pratiques d'écriture (assujetties aux contraintes génériques propres à la poésie et au théâtre) qui rendent diversement compte du travail des écrivains.

Ce programme de recherche contribuera de plusieurs manières à l'avancement des connaissances, notamment par la mise au point d'outils méthodologiques et théoriques, qui pourront éventuellement servir à interroger d'autres corpus, mais également par une réflexion plus large sur les archives des écrivains en particulier et le patrimoine littéraire québécois en général. 

D'inspiration génétique, notre recherche s'inscrit dans la lignée des travaux qui, depuis peu, se proposent de repenser la notion d'archive et de renouveler les fondements de la réflexion consacrée au travail de l'écrivain. Plus qu'un simple dépôt dans lequel l'écrivain accumule des matériaux inertes ou inaboutis, les archives s'avèrent également une véritable réserve pour tous les objets potentiellement féconds qu'il veut soustraire à l'action du temps et qu'il pourra réutiliser. Or, selon la dynamique qui caractérise le travail des écrivains, ces documents constituent des traces plus ou moins nettes qui suggèrent des tracés – le plus souvent ouverts – que l'écrivain a empruntés et dont il a conservé tantôt l'essentiel, tantôt de simples débris. Il s'agira donc d'analyser ces matériaux, de comprendre leur fonction et de saisir leur portée dans l'élaboration des diverses poétiques réunies au sein de notre corpus. Ce programme de recherche propose une réflexion approfondie qui porte sur les archives de trois poètes français et québécois : Francis Ponge, Jacques Brault et Roland Giguère. D’inspiration génétique, mais alliant les outils et les ressources de la poétique et de la rhétorique, son ambition est double. Il s’agit, d’une part, de développer des outils théoriques et méthodologiques propres à rendre compte des « marges de l’invention », c’est-à-dire de certains matériaux hétéroclites qui côtoient les manuscrits d’œuvres contenus dans les archives des écrivains, mais s’en distinguent de diverses façons; d’autre part, d’apporter une contribution originale à l’étude de la poétique de ces trois poètes. Les objectifs de ce projet sont : concevoir une poétique de l’invention en développant la réflexion théorique, à peine amorcée jusqu’ici, sur les matériaux que sont les carnets, notes et listes conservés dans les archives des écrivains à partir d’un corpus peu étudié (la poésie) ; cerner les particularités propres à ces objets et comparer les pratiques des poètes avec celles des romanciers de manière à mieux retracer les parcours spécifiques de l’invention poétique, notamment chez les trois auteurs du corpus.

Chercheurs principaux

Financement

  • Subvention ordinaire de recherche (CRSH)
    2009-04 - 2013-04