Quasi anthropologique. Un conflit en littérature québécoise?
Ce projet a pour objectif d’analyser, dans le temps anthropologique, la représentation de la littérature, de ses acteurs (écrivains, professeurs, conteurs, lettrés) jusqu’à ses manifestations codées (surenchères de références, pauvreté affectée du langage, etc.). Ce programme large est toutefois circonscrit par une question précise : s’il est entendu que des conflits organisent le discours sur la littérature au Québec, comment se dialectise ce conflit (entre nature-culture, entre codes, entre classes)? Comment, dans les œuvres, la littérature se valorise (ou dévalorise), trace son origine, sa fonction? André Belleau, critique phare dans les études sur l’autoreprésentation de l’écrivain, postulait de façon un peu intuitive que le romancier fictif québécois, dans les années 1940-1960, rendait compte d’un « conflit quasi anthropologique entre la nature et la culture ». Devant « l’acquis » culturel, postulait Belleau, le romancier dans sa représentation préfère « l’inné » social. Mais cette proposition, bien étayée par de fines analyses de corpus, reste sans appui « anthropologique », en ce que Belleau ne s’est guère attardé à des exemples probants dans le corpus du XIXe siècle ou au-delà. Cette idée pourtant structure tout un discours carnavalisant sur la culture, dans la critique québécoise (chez Marcotte, Biron, Lemire, Andrès, etc.), voyant dans la culture populaire le ferment de la culture sérieuse. Ce projet vise précisément à éclairer ce conflit, pour en expliciter la dialectique (de quoi sont faits les isotopies nature-culture, quels conflits et échanges, quels partages et exclusions les structurent). Le corpus y est large, allant de la Nouvelle-France (Lahontan, Brébeuf) aux années 1940-50 (Grandbois, Loranger), en passant par Joseph Quesnel, P. Aubert de Gaspé ou encore P.J.O. Chauveau.
Chercheur principal
Financement
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Fonds institutionnel de la recherche de l'UQTR (UQTR)
2022-06 - 2025-09