La mobilité sociale et ses enjeux en littérature québécoise (1846-2022). Une analyse du transclassement
Le concept du transclassement, développé par la philosophe Chantal Jaquet (2014), constitue une réponse stimulante des sciences humaines au récit méritocrate et à son idéologie de la performance, ceux-ci niant une bonne part des tensions sociales à l’œuvre dans les destinées individuelles. Le transclassement nous permet en effet de lire ces trajectoires d’individus, conformément aux attentes postmodernes, mais au sein de tensions collectives, celles des classes sociales. Cet intérêt a toutefois été, jusqu’ici, davantage exploré par les philosophes et les sociologues ; il reste que l’analyse des trajectoires proposées par Jaquet, Bras (2019) ou encore Lagrave (2022) prennent avant tout la forme de récits que les outils littéraires, narratologiques, actantiels, énonciatifs, sauront éclairer. L’objectif premier de ce projet de recherche consiste donc à nourrir, sur le plan théorique et méthodologique, le concept du transclassement en le rendant lisible à l’aune des notions littéraires ; à cet égard, la comparaison avec le « récit de formation » (bildungsroman) apparaît productive, afin de mesurer un récit nouvellement conçu avec un récit traditionnel. Le deuxième objectif consistera à préciser la notion du transclassement à l’aide d’un corpus particulier : la littérature québécoise. À cet égard, il faudra prendre en compte la particularité de l’organisation des classes sociales au Québec, échappant en grande partie aux catégories de la sociologie française. Cette recherche sera menée sur un échantillon de corpus (22 titres) échelonné des années 1830 à aujourd’hui.
Chercheur principal
Cochercheurs
- Stéphane Inkel
- Marie-Pier Luneau
- Martine-Emmanuelle Lapointe
Financement
-
Subventions de développement Savoir (CRSH)
2024-06-01 - 2026-05-31