L’imaginaire de la dette en littérature québécoise : communauté, hiérarchie et échanges dans les figures de la dette (1840-1960)
Depuis la crise de 2008, les travaux sur la dette en sciences humaines se multiplient, permettant de lire la culture et ses imaginaires en lien avec une question macroéconomique de premier plan. Or, l’apport de ces travaux, en commençant par ceux de l’anthropologue D. Graeber (2011), consiste à inscrire la dette dans le quotidien des sujets et à en interroger les effets; la dette n’est alors plus un ressort technique pour faire fonctionner le « capitalisme tardif », mais bien un construit culturel en évolution et auquel les sociétés peinent à donner une signification stable. L’imaginaire de la dette que nous formulons depuis ces perspectives est inscrit dans une ambivalence : la dette est à la fois constituée de « l’obligation » communautaire (lisible dans les sociétés sans stratification de classe), de la hiérarchie féodale déséquilibrée (dont hérite le fonctionnement colonial de la dette) et enfin du marché et de l’échange au cœur du capitalisme libéral. L’imaginaire de la dette que le présent projet entend déplier sera d’abord constitué de lectures d’œuvres (de La terre paternelle [1844] de Patrice Lacombe à Laure Clouet d’Adrienne Choquette [1960]) dans une perspective sociocritique. Trois périodes seront envisagées : L’émergence libérale (1844-1904), L’entêtement régionaliste (1904-1945) et La modernité accélérée (1945-1960). Le projet sera ensuite constitué d’une lecture de discours économiques contemporains allant du nationalisme économique de la fin du XIXe siècle québécois au crédit social des années 1950-1960; enfin, le projet visera l’élaboration d’une théorie critique en dialogue avec d’autres domaines de recherche (l’anthropologie, l’économie, la philosophie, la théologie, etc.).
Chercheur principal
Financement
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Soutien à la relève professorale (FRQSC)
2023-05 - 2026-04