George M. Brewer et milieu culturel anglophone montréalais, 1900-1950. (musique-théâtre-conférences-voyages-philosophie)

George M. Brewer et milieu culturel anglophone montréalais, 1900-1950. (musique-théâtre-conférences-voyages-philosophie)

Il existe un musicien anglophone dont le nom circulait dans le milieu francophone depuis sa contribution à la revue moderne, Le Nigog, en 1918 et par sa participation durant les années vingt aux concerts du Quatuor Dubois. Il s’agit de George Mackenzie Brewer. À travers l’étude de ce personnage qui fut, entre autres, organiste attitré à l’Église unitarienne du Messiah de 1912 à 1947 et au Temple Emanu-El de 1914 à 1939, deux institutions parmi les plus libérales et les plus progressistes de l’époque, nous avons souhaité mettre en relief l’importance des activités du milieu musical et culturel anglophone montréalais durant l’entre-deux-guerres.

La carrière de Brewer est unique dans l’histoire du Québec. À la fois musicien, dramaturge, conférencier et philosophe inspiré par les propos de Ralph Waldo Emerson, il a fait fi des discours nationalistes et identitaires de l’époque, préférant s’interroger sur la nature profonde de l’Homme, sur les liens entre la science et la religion qu’il découvre à travers l’œuvre de James George Frazer, et sur l’importance de l’art dans la vie.

Il manifeste peu d’intérêt aux luttes pour la justice sociale au sens collectif, mais il est par contre très sympathique à la pensée originale et non-conformiste des individus. Il se sent proche des innovateurs et des poètes. Sa passion est davantage nietzchéenne que socialiste. Il admire l’individu anti-conformiste, le rebelle solitaire plus que le militant. Il fuit l’uniformité, le moule social.

Cette quête de sens l’a conduit à multiplier les voyages à travers de nombreux pays afin de mieux comprendre le monde dans lequel il a vécu. Il fut en quelque sorte un humaniste, citoyen du monde à la recherche de relations avec « l’Autre » avant même que cette expression n’ait été officialisée.

Entièrement autodidacte, il a traversé sa jeunesse et sa jeune vie d’adulte à fréquenter de nombreux concerts et spectacles de théâtre et surtout, à se donner un programme de lecture considérable d’ouvrages littéraires et philosophiques. Ces éléments constituent la base essentielle d’une carrière professionnelle qui sera partagée entre la musique, particulièrement entre 1912 et 1931, et le théâtre avec la création de la troupe Everyman entre 1932 et 1939, et parsemée au cours de toutes ces années d’un ensemble important de conférences inspirées de ses lectures et de ses voyages, entre autres, en Russie, en Pologne et dans les pays nordiques.

Nous questionnerons donc les propos de Brewer sur l’importance qu’il accorde à la vulgarisation du savoir et à l’éducation du public durant la décennie 1920 et sur sa quête de sens et les valeurs spirituelles qui ont guidé ses choix vers le théâtre médiéval au cours de la décennie 1930. Nous découvrirons ainsi le parcours singulier de ce personnage montréalais, et à travers lui, les nombreuses institutions culturelles anglophones et francophones qu’il a fréquentées.


Chercheurs principaux

  • Marie-Thérèse Lefebvre
  • Lorne Huston

Durée

  • 2015 - 2020