Fictions de voyage : quand la littérature du Québec parcourt le monde
Le projet Récits de voyage fictifs : quand la littérature du Québec parcourt le monde porte sur les récits de fiction qui exploitent la figure du voyage en pays étranger. Nous nous intéresserons donc aux romans, récits et nouvelles dont la trame narrative présente le cas d’un personnage quittant le Québec pour se rendre dans un lieu du monde situé à l’extérieur des frontières géopolitiques du Canada. Notre corpus rassemblera des récits publiés de 1900 à aujourd’hui, tant en anglais qu’en français.
Notre exploration du potentiel sémiotique des récits de voyage fictifs se fera à partir d’objectifs à la fois empiriques (collecte de données) et épistémiques (compréhension des enjeux que soulève ce genre de récits), objectifs répartis sur les deux années couvertes par la subvention. La première année visera la constitution et la description du corpus exhaustif des récits de voyages fictifs. Au-delà de la simple bibliographie, il s’agira d’établir pour chacun de ces récits une fiche descriptive à partir des paramètres distinctifs de ce genre (voir ci-dessous). Il en résultera une base de données raisonnée à partir de laquelle travailler de manière méthodique. Une fois établis le corpus et la sérialisation de ses composantes, il s’agira en deuxième année d’élaborer une approche interprétative et de l’expérimenter sur un corpus-témoin.
Les sous-objectifs pour la première année sont les suivants :
- rassembler sur une base de données à multiples entrées (Filemaker) le corpus le plus exhaustif possible des récits de voyages fictifs; les entrées concernent les auteurs.trices, les titres, les maisons d’édition, les années, les genres narratifs (polar, roman sentimental, roman de guerre, roman de formation, etc.), les lieux mentionnés et la nationalité des personnages;
- recenser les «ailleurs» «visités» dans les récits de voyage fictif et relever comment ils sont représentés; en d’autres termes, montrer, par le retraçage de ces destinations, comment se dessine la «carte du monde» des fictions québécoises, et ce, en tenant compte des variations diachroniques (prédominance de certaines destinations selon les époques);
- établir une typologie des motifs qui conduisent un personnage à quitter le Canada en direction d’un pays étranger; mettre en relation ces motifs avec ceux qui président à l’envie de voyager, tels qu’établis par le sociologue Jean-Didier Urbain (1993, 2017, 2018);
- reconstituer l’évolution diachronique de cette pratique dans le corpus québécois de langue française et anglaise.
À partir de ces données empiriques et statistiques, il sera possible d’aborder les objectifs de la deuxième année :
- mettre au point une grille d’analyse à partir des enjeux spécifiques au récit de voyage fictif : le statut de l’autre, les perceptions et représentations qui en sont données, le degré de proximité établi avec lui, les affects qui en résultent (idéalisation, rejet, indifférence, etc.); les représentations de l’ailleurs et les affects qui y sont liés, tels que signalés par des marques sémantiques de distance, de proximité, d’interpellation, de résistance ou d’incompréhension; les perceptions de soi qui sont en jeu dans ce rapport à l’autre et à l’ailleurs (remise en question de sa propre identité, transformation de soi ou repli sur soi, réévaluation de sa propre société, etc.);
- dériver du corpus général des ensembles textuels secondaires à partir de thématiques et/ou problématiques liées au voyage, par exemple : les récits d’un même pays, les femmes voyageuses, les quêtes spirituelles, les amours interethniques, le voyage comme adjuvant d’un changement de vie, le voyage comme fuite de son milieu d’origine, etc.
- produire des études de cas pour mettre à l’épreuve le potentiel épistémique de nos modèles d’analyse.
Chercheur principal
Cochercheurs
Financement
-
Subventions de développement Savoir (CRSH)
2022-04 - 2024-03