Changing the Colonial Narrative in Eurocentric Music History

Changing the Colonial Narrative in Eurocentric Music History

L'histoire de la musique « classique » demeure l'une des disciplines les plus conservatrices et eurocentriques du milieu universitaire canadien. Malgré les initiatives visant à diversifier l'étude de la musique par l'ajout de musiques et de musiciens noirs, autochtones ou d'autres personnes de couleur, le domaine de la musicologie demeure intellectuellement fondé sur un canon historique de compositeurs masculins blancs et de leurs " chefs-d'œuvre ". Cet euro- et androcentrisme est dû au fait que la musicologie (et son histoire) a pris sa forme actuelle à l'apogée du projet colonial, dans les dernières décennies du 19e siècle, jetant les bases d'un récit évolutif standardisé qui privilégie la musique "classique" européenne, et qui s'est ensuite ancré dans les universités. Depuis les années 1990, la recherche historique et critique a remis en question les fondements du 19e siècle et plus récemment, de nouvelles recherches contribuent à l'émergence d'une histoire mondiale ou globale de la musique. Pourtant, bien que la recherche issue de ces initiatives fasse de plus en plus partie de la littérature disciplinaire, elle n'a pas, dans l'ensemble, atteint la salle de classe universitaire. Les programmes universitaires de musique continuent donc à diffuser une histoire de la musique qui présente la musique d'élite des hommes blancs comme un élément fondamental de la compréhension musicale et comme une base pour une recherche musicologique rigoureuse. Lorsque les diplômés des programmes universitaires de musique font ensuite carrière dans la recherche, l'interprétation, l'enseignement et l'administration des arts, le message de la supériorité musicale européenne (blanche) est diffusé bien au-delà de l'université. Il est donc indispensable que les recherches existantes et émergentes en histoire de la musique anticoloniale et mondiale fassent partie de la littérature musicologique standard.

Pourtant, comme l'ont souligné de nombreux professeurs et professeures lors d’une enquête pilote, le manque d'expertise, le manque de formation interdisciplinaire et le manque de recherches accessibles, mais rigoureuses restent les principaux obstacles à ce type de réflexion musicologique élargie et à son potentiel de soutien au changement des programmes d’études. Le projet Changing Colonial Narratives in Eurocentric Music History vise donc à évaluer et à analyser de manière critique les recherches existantes, en français et en anglais, sur l'histoire de la musique au-delà du récit canonique, en rendant ces recherches et leurs données facilement accessibles. La comparaison de ces recherches et leur mise en dialogue avec le matériel traditionnel faciliteront la recherche sur les rencontres et les échanges musicaux au-delà de l'Europe. Notre travail contribuera aux mouvements actuels sur la justice sociale et la décolonisation en facilitant la compréhension des fondements de l'histoire de la musique canonique et des histoires qu'elle n'inclut pas. Pour les chercheurs et instructeurs universitaires en histoire de la musique désireux de diversifier et de décoloniser leur propre recherche ainsi que leur enseignement, les résultats de ce projet fourniront une analyse rigoureuse, mais accessible de la recherche globale et anticoloniale existante.

Chercheur principal

  • Margaret Walker

Cochercheurs

Financement

  • Subventions de développement Savoir (CRSH)
    2021-06 - 2024-05