Ateliers d'artistes au Québec, 1800-1980 : typologie, fonctions et représentations

Ateliers d'artistes au Québec, 1800-1980 : typologie, fonctions et représentations

Le projet « Ateliers d'artistes au Québec, 1800-1980 : typologie, fonctions et représentations » documentera et analysera le contexte de production des œuvres d'art. La période est délimitée d'une part, par la présence d'une masse critique d'artistes assez importante pour connaître les conditions dans lesquelles ils réalisent leurs œuvres et d'autre part, par le moment où les conditions de production se modifient en raison de la présence de nombreux facteurs intrinsèques aux pratiques artistiques qui changent de manière considérable les activités d'atelier et le cadre dans lequel les œuvres sont réalisées (ex. art in situ, performance, arts technologiques, entre autres). L'intérêt historique pour les ateliers d'artistes s'est accentué dans la culture occidentale au cours des dernières décennies – sans doute à la faveur de ces transformations – et les questions qu'il soulève se situent dans des domaines de recherche encore peu exploités au Québec et qui correspondent à un élargissement des méthodes et des théories de l'histoire de l'art. Le rôle de l'atelier varie en fonction de la nature des œuvres, du statut de l'artiste et de sa reconnaissance publique. 

Alors que les artistes itinérants reçoivent leur clientèle dans une chambre d'hôtel ou un local prêté, certaines catégories d'artistes (sculpteur, orfèvre, tapissier) utilisent un équipement qui exige la permanence. À la fin du 19e s., une formation artistique structurée, l'émergence du marché commercial et la création d'associations nationales modifient de manière notable le statut des artistes. Ceci aura une incidence directe sur les ateliers dans lesquels ils travaillent. De plus, les artistes prennent pour modèle les ateliers européens qu'ils ont connus au moment de leurs études à l'étranger. La multiplication de créateurs au début du 20e siècle et la concurrence auxquels ils se livrent par la suite, entrainent l'éclosion de plusieurs autres formes d'ateliers. En effet, les ateliers associatifs, domestiques et communautaires apparaissent et se multiplient ce qui a une incidence sur la nature des œuvres réalisées. Les questions auxquelles notre enquête veut répondre visent à 1) mieux comprendre les conditions de production des oeuvres d'art - en documentant les espaces de travail occupés par les artistes au cours de plus d'un siècle et demi et 2) analyser les fonctions qu'il occupe dans le processus de création et de diffusion des œuvres. Pour ce faire, nous étudierons les différentes fonctions et usages de l'atelier : a) comme lieu de travail, d'étude et de recherche ; b) comme espace de sociabilité (accueil des collègues, amis, clients, critiques et professionnels du milieu) ; c) comme cadre d'exposition ; d) comme siège de gestion de la carrière et e) comme lieu d'entreposage. 

Enfin, la question de la représentation de l'atelier et de l'image qu'il projette sera étudiée en relation aux œuvres qui le dépeignent et aux documents qui en témoignent (récits de visites, photographies, textes littéraires). Nous aurons alors recours aux informations fournies par les annuaires où paraissent les adresses des ateliers. Nous dépouillerons les fonds documentaires et archivistiques des artistes (qui fournissent souvent une documentation photographique), les inventaires après décès (qui décrivent le contenu des ateliers), les articles de journaux et les textes qui commentent les visites d'ateliers et les expositions qui s'y sont tenues. Nous prendrons également en considération la littérature : romans, poèmes et pièces de théâtre qui ont pour sujet l'atelier. L'atelier devient au 20e s., comme le démontre la multiplication des récits qui le prennent comme thème, un objet de fantasme par l'aura de mystère qui entoure le phénomène de la création et la figure de l'artiste au travail.

Chercheur principal

Cochercheur

Financement

  • Savoir (CRSH)
    2018-04 - 2022