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Appel de textes : Mémoires du livre/Studies in book culture

Mémoires du livre/Studies in book culture
Volume 8, Numéro 1, automne 2016
« La littérature sauvage ». Sous la direction de Denis Saint-Amand (Université de Liège).
Objet central permettant de matérialiser la problématique de l’échange littéraire, le livre est également le symbole cristallisant les fonctions de chacun des acteurs de cette communication spécifique (de l’écrivain au lecteur en passant par les médiateurs indispensables que sont l’éditeur, le libraire ou le bibliothécaire). Pour autant, cet élément nodal de l’institution littéraire ne rend pas compte de la totalité des pratiques scripturales à visées esthétique et fictionnelle mises en circulation dans l’espace social. Le marché du livre n’accueille pas tout écrit : parce qu’ils en ont été écartés en raison de leur faible qualité ou de propos transgressifs, parce que leurs auteurs préfèrent investir d’autres voies, certains textes trouvent à se déployer sur des supports différents. Pressentant leur future proscription ou choisissant simplement d’entrer dans le jeu littéraire par une porte non-traditionnelle, plusieurs écrivains choisissent d’intégrer le monde des « littératures parallèles et sauvages », selon l’expression de Jacques Dubois, « c’est-à-dire celles qui ne participent d’aucun des réseaux [habituels] de production-diffusion, qui s’expriment de façon plus ou moins spontanée et se manifestent à travers des canaux de fortune » (Dubois, 2005 : 192). Les auteurs de ces productions alternatives se distinguent par leur capacité à développer des stratégies de communication efficaces, susceptibles de servir leurs propres intérêts tout en prenant, par résignation ou par provocation, les rouages de l’institution littéraire à contre-pied, fût-ce pour mieux donner l’occasion à cette dernière de se les réapproprier ultérieurement. C’est à cette problématique que le présent numéro de Mémoires du livre/Studies in book culture est consacré. Il s’agira de développer une réflexion transversale sur la question des « littératures sauvages », en veillant à questionner :

  • leur contexte de production et leurs enjeux : de l’Album zutique, manuscrit réalisé en secret par une quinzaine de membres vivant leur hétérodoxie en vase clos dans le souvenir de la Commune de Paris, aux tags poétiques et militants qui fleurissent sur les murs en période de crise, pourquoi ces littératures sauvages se manifestent-elles ? À quoi réagissent-elles et quel discours tiennent-elles, directement ou en creux, sur l’institution littéraire dont elles se tiennent à distance ? Se construisent-elles systématiquement comme un contre-discours ?
  • la singularité des supports investis et leurs effets sur la poétique : carnets, murs ou revues artisanales bricolées, les à-côtés du livre sont multiples et les auteurs parviennent sans cesse à inventer de nouveaux espaces. Quelles sont les spécificités matérielles de ces supports sauvages ? En quoi infléchissent-ils la poétique des textes qu’ils accueillent ?
  • leur devenir et leur éventuelle récupération : quand les hallucinations virulentes du journal intime de Sophie Podolski sont invitées par Philippe Sollers dans les pages de Tel Quel ou que le taux de fréquentation de certains blogues conduit des éditeurs à les publier en format livresque, ces productions perdent leur statut sauvage pour rentrer dans le rang de l’institution ? Cette solution est-elle la seule alternative à l’oubli ? Modifie-t-elle les conditions de lisibilité ? Qu’advient-il des productions sauvages qui ne sont pas récupérées par le livre ?

Les propositions d’articles en français ou en anglais comprenant un résumé d’environ 250 mots ainsi qu’une courte notice biographique devront parvenir par courriel d’ici le 15 février 2016 à Denis Saint-Amand (denis.saint-amand@ulg.ac.be). Après évaluation par le comité de rédaction, une réponse sera donnée fin février 2016. Les articles dont la proposition aura été acceptée seront à rendre pour le 15 avril 2016. Ils seront alors soumis, à l’aveugle, à l’évaluation par les pairs. La version définitive devra être envoyée au plus tard le 30 juin 2016. La publication du dossier est prévue pour l’automne 2016.