Tour d’horizon de la littérature sur le harcèlement sexuel dans les industries culturelles

Les plus récentes études réalisées sur le harcèlement sexuel en milieu de travail dans les industries musicales du Royaume-Uni et de l’Australie rapportent respectivement 48% et 55% de travailleur·ses se disant victimes, ce qui représente près de 72% de femmes et 39% d’hommes (Musician’s Union 2021, p. 5 ; Shehadie et The Review Team 2022, p. 10). En art lyrique en France, ce sont près des trois quarts des chanteuses et choristes qui se disent victimes d’actes sexistes (Buscatto et al 2021). Bien qu’aucune étude de grande envergure portant exclusivement sur le sujet des violences à caractère sexuel en musique n’ait encore été réalisée à ce sujet au Québec, l’étude « Les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone », réalisée par la professeure Joëlle Bissonnette, pour et avec la collaboration de la Fondation Musicaction, fait état de seulement 44% des 591 femmes de tous les corps de métier interrogées qui estiment n’avoir jamais subi de harcèlement sexuel dans ce milieu de travail (Bissonnette, 2022). L’étude montre également que les répondantes qui subissent du harcèlement songent davantage à abandonner leur carrière dans l’industrie musicale.

Dans la foulée de la parution de ces études, deux chercheuses (Vanessa Blais-Tremblay, Département de musique de l’UQAM et Joëlle Bissonnette, Département de management de l’ESG-UQAM) et deux organisations (ADISQ, APIH) se sont réunies dans l’objectif de co-organiser un événement qui se tiendra le 26 septembre 2023 au Coeur des Sciences de l’UQAM, le Sommet sur le harcèlement sexuel dans le secteur culturel au Québec. Cet événement rassemblera des représentant·es d’organisations de l’ensemble du secteur culturel québécois dans le but d’entamer la réflexion autour d’un plan d’action concerté.

Une équipe d’auxiliaires de recherche de 5 étudiant·es travaille à l’élaboration d’une revue de littérature portant sur le harcèlement et les violences à caractère sexuel dans l’ensemble du secteur culturel, soit en considérant les études ayant trait aux autres arts de la scène (musique, théâtre, danse, humour, cirque, improvisation), à la production audiovisuelle (cinéma, télévision, vidéoclips, etc.), aux métiers d’art, aux arts visuels et au milieu littéraire.  

Cette revue de littérature exhaustive vise dans un premier temps à présenter aux personnes qui participeront au Sommet à la fois des données probantes sur le harcèlement sexuel dans le secteur culturel au Québec et ailleurs, mais également des recommandations (pour les organismes, les lieux de diffusion, les différents paliers gouvernementaux, etc.) tirées de mesures ou de structures qui ont été mises en place ailleurs et dont les retombées ont pu être documentées. Ces recommandations serviront de base de réflexion aux équipes de travail intersectorielles réunies cette journée-là dans le but d’évaluer la pertinence et la faisabilité de transposer et d’adapter certaines de ces mesures et structures aux différents secteurs culturels du contexte québécois. Un rapport sera rédigé suite au Sommet et partagé avec les organisations participantes.