Interdisciplinarité, multidisciplinarité et transdiscursivité dans la vie artistique au Québec (1895-1948)
La présente équipe réunit des chercheurs bien établis dans les divers domaines de la recherche en arts (études littéraires, histoire de l'art, études théâtrales, études cinématographiques, architecture) qui partagent un même intérêt pour l'histoire de leur discipline et qui ont centré leurs travaux sur l'émergence de la modernité au Québec de 1895 à 1948.
Nos travaux antérieurs, portant sur les institutions et les réseaux, ont révélé que l'avènement d'une modernité artistique est indissociable de la structuration des pratiques artistiques en disciplines spécialisées, mais qu'elle ne s'y réduit pas. Certaines institutions (le Monument National, la Bibliothèque Saint-Sulpice), certains lieux (la scène, la radio, le studio d'enregistrement), certaines publications collectives (le Nigog 1918, Refus global 1948) constituent des plates-formes d'échange interdisciplinaires privilégiées qui permettent tant l'élaboration de projets multidisciplinaires communs que le transfert intermédiatique d'acteurs, d'œuvres et de figures. L'unité et la cohérence de la vie culturelle repose en partie sur ces réseaux, institutions et appareils.
La recherche proposée est centrée sur l'étude des œuvres qui donnent à voir l'entrecroisement des divers facteurs transversaux et qui, mieux que tous les discours et programmes, permettent de saisir l'espace des possibles esthétiques. Ainsi, des personnages sont réinterprétés (La Débauche), des œuvres sont transposées ou adaptées d'un médium à l'autre (Aurore l'enfant martyre), d'un registre à l'autre (la Bonne Chanson qui réinterprète la tradition folklorique). Des œuvres réunissent des artistes de plusieurs disciplines (livres illustrés, soirées du bon vieux temps, Le Soir des rois de Shakespeare par les Compagnons de Saint-Laurent). Des figures communes témoignent de la relation entre l'époque et la modernité esthétique (figures d'artistes) ou vernaculaire (paysage urbain et technologie) et laissent voir la manière dont les disciplines se représentent les unes les autres. Des préoccupations formelles traversent toutes les disciplines. À partir d'un corpus exemplaire, mais néanmoins représentatif des divers cas de figure évoqués, composé d'objets et d'événements porteurs de ces caractères inter- trans- et multidisciplinaires, sans distinguer a priori entre les œuvres artistiques proprement dites et les œuvres destinées au divertissement, nous tentons de comprendre la nature de cette modernité commune qui nous paraît caractériser la vie culturelle montréalaise de cette époque.
La contribution de ce projet à l'avancement des connaissances réside a) dans la volonté de résoudre un problème de l'histoire culturelle : celui de l'absence de synthèse intégrant vue d'ensemble et respect des spécificités disciplinaires ; b) dans une meilleure connaissance de l'activité artistique qui se déploie au Québec entre 1895-1948, période dont l'activité est globalement méconnue, bien que certaines grandes œuvres aient fait l'objet d'analyses approfondies ; c) dans une meilleure connaissance de l'histoire de nos disciplines, lesquelles se sont progressivement constituées de manière autonome dans cette période ; d) dans une nouvelle approche de la modernité, conçue non plus seulement comme un état, mais comme ethos, une posture, que les artistes et artisans transfèrent à leurs œuvres. Bien que portant sur le Québec, elle a un caractère exemplaire, qui peut être appliqué à d'autres espaces nationaux et contribue aux avancées théoriques sur le devenir de la culture dans les sociétés contemporaines en mutation.
Chercheur principal
Cochercheurs
- Germain Lacasse
- France Vanlaethem
- Denis Saint-Jacques
- Robert Schwartzwald
- Chantal Savoie
- Laurier Lacroix
- Micheline Cambron
- Dominic Hardy
- Michel Lacroix
- Sylvain Schryburt
Financement
-
Subvention ordinaire de recherche (CRSH)
2011 - 2015