Enseignement et décolonisation. Une étude des pratiques pédagogiques et des défis vécus en littérature et en sciences humaines en milieu collégial

Enjeu sociétal de premier plan, le colonialisme – étroitement lié au racisme et aux réalités autochtones – est également un sujet sensible majeur en milieu collégial. De récentes recherches menées dans différents établissements du Québec convergent vers le constat d’une sensibilité collective grandissante du corps enseignant et de la population étudiante pour les rapports de pouvoir coloniaux et les biais occidentaux dans les savoirs enseignés. Dans différentes disciplines, notamment en littérature et en sciences humaines (sociologie, anthropologie, science politique, histoire et psychologie), cela conduit les enseignant·es à adapter leur enseignement et à mettre à jour leurs méthodes d’enseignement de manière, d’une part, à mieux aborder le sujet sensible qu’est le colonialisme et, d’autre part, à mieux tenir compte du fait colonial sous toutes ses formes dans leurs pratiques pédagogiques. Les grands modèles pédagogiques traditionnels en matière de gestion des différences – éducation à la citoyenneté, approche interculturelle ou multiculturelle, approche inclusive et approche antiraciste) s’avèrent insuffisants voire inadaptés pour répondre à ce besoin. C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’enseignant·es se tournent vers la pédagogie décoloniale. Toutefois, la transformation plus radicale des pratiques qui accompagne la pédagogie décoloniale comporte son lot de défis (pédagogiques, éthiques, affectifs, etc.) pour les enseignant·es. Cette recherche-action participative de deux ans vise à examiner ce renouvellement pédagogique en contexte d’enseignement collégial et à explorer les multiples défis et tensions que la pédagogie décoloniale fait émerger dans le but d’aider les enseignant·es de littérature et de sciences humaines à mieux tenir compte du fait colonial et des sensibilités collectives qui y sont liées.