Des arts trompeurs à la post-vérité : régimes d'authenticité en contexte numérique

Des arts trompeurs à la post-vérité : régimes d'authenticité en contexte numérique

Ce projet vise à étudier les régimes d'authenticité prenant place dans une ère de post-vérité, soit les transformations des systèmes de vérité, d'autorité et de légitimité à l'œuvre dans les dynamiques de médiations contemporaines. L'authenticité est définie notamment par la qualité d'un fait conforme à la vérité, que ce soit celui d'un événement historique, politique ou juridique, d'une trace archéologique, d'une archive ou d'une œuvre artistique, dont la qualification est déterminée par la certitude sur sa source ou son origine.

Les objets de recherche, abordés de façon intermédiale, sont situés à la fois dans les pratiques illusionnistes/fictionnelles des arts vivants et numériques, du cinéma et de la littérature - qualifiés d'« arts trompeurs » - et dans celui des techniques de persuasion ou de manipulation intervenant dans l'espace communicationnel actuel, lesquels activent « les puissances du faux ». Ces objets suscitent des imaginaires sociaux qu'il s'agira d'étudier en les mettant en relation l'un avec l'autre, pour mieux en exposer les rouages. Comment opèrent les dynamiques de médiation façonnant l'espace hypermédiatique contemporain selon différents régimes d'authenticité et quelles sont les filiations historiques de ce phénomène nous permettant de mieux en comprendre les incidences contemporaines ? Afin de répondre à ces deux questions de recherche, nous posons l'hypothèse que les mêmes mécanismes sont à l'œuvre dans les deux modes artistique et informationnel, alors que les régimes d'authenticité varient selon le cadre pragmatique qui les instaurent.

Les questions entourant l'authenticité se jouent autant à travers les arts trompeurs qu'à travers les manifestations de la tromperie associés à la propagande et à la désinformation dans l'espace public, en infléchissant les régimes de croyance. Le phénomène dont nous voulons rendre compte n'est donc pas nouveau en soi, car il découle du très ancien art du mensonge tel qu'il se pratique depuis l'invention du langage et dont les manifestations sont multiples. Cependant, il nous apparaît que le problème est devenu particulièrement saillant en raison de la complexification croissante de l'environnement médiatique autour d'une croissance exponentielle de l'information, du phénomène du débordement qui en découle, de la mise en cause de nos capacités attentionnelles et de la transformation des schèmes d'autorité participant de l'authenticité, auxquels s'ajoute le développement de technologies toujours plus raffinées dans l'art de la simulation et de la tromperie.

Le projet vise donc, en premier lieu, à mener une réflexion théorique en profondeur pour comprendre les formes d'authenticité, afin de développer une meilleure compréhension des mécanismes activant les « puissances du faux ». En deuxième lieu, nous voulons repérer, documenter et analyser les œuvres et les phénomènes de médiation contemporains relatifs à la question de l'authenticité, selon la perspective de l'intermédialité et de l'archéologie des médias, afin d'en retracer les filiations historiques et de mieux en comprendre en retour les enjeux actuels. En troisième lieu, sur le plan méthodologique, nous développons un dispositif d'éditorialisation innovant dans le sillon des Humanités numériques, soit un écosystème de recherche et de connaissances à partir des avancées et des méthodes du Web sémantique afin de rendre compte de nos processus de recherche et de nos résultats.

Notre projet s'adresse tant à la communauté universitaire (chercheurs, étudiants) qu'au grand public. L'une de ses retombées est de contribuer à augmenter la littéracie informationnelle et numérique pour ces deux clientèles.

Chercheurs principaux

Cochercheurs

Financement

  • Savoir (CRSH) - de 2020 à 2023