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Colloque « Les littératures de langue française à l'heure de la mondialisation »

17 octobre 2008

XXVIe Colloque des écrivains
 en partenariat avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Conception et animation : Lise Gauvin et Georges Leroux
Auditorium de la Grande Bibliothèque

475, de Maisonneuve Est

Depuis le récent Salon du livre de Paris consacré aux littératures francophones, en 2006, plusieurs questions se posent et sont discutées sur la place publique. La première, gênante parce que récurrente et toujours irrésolue : que recouvre au juste la notion de francophonie ? Une étiquette commode servant à regrouper les anciennes colonies françaises ? Une manière de désigner les locuteurs français hors de France tout en les marginalisant ? Une façon pour lÉtat français d’assurer sa présence au sein d’organismes internationaux ? Quoi qu’il en soit, dès que l’on tente de préciser le sens du mot, il y a toujours un reste, c’est-à -dire des exceptions, des éléments qui ne cadrent pas avec la définition. Les écrivains antillais, comme les réunionnais, pourtant considérés comme faisant partie de cet ensemble flou que l’on nomme la francophonie littéraire, ne figuraient pas parmi les invités officiels du Salon à cause de leur nationalité française. On ne s’en sort pas aisément. Quant aux auteurs de Belgique, ils appartiennent à ce qu’on pourrait nommer une francophonie de proximité, souvent difficile à distinguer du corpus littéraire français. Romancier francophone, Weyergans ?
Dans l’esprit des Français, l’image de la francophonie reste d’abord liée au contexte de la colonisation, et plus particulièrement à l’Afrique. Ainsi la collection « continents noirs », créée depuis peu chez Gallimard, a-t-elle été assortie dans ses premières publications d’une postface annonçant un renouveau de la littérature analogue à celui qu’a accompli, dans les arts plastiques, la sculpture africaine. Mais les auteurs eux-mêmes ont été les premiers à signaler les dangers d’exclusion qui les menacent et à revendiquer une appartenance entière à la littérature française, ou plutôt à une littérature francophone dont la littérature française serait l’une des composantes. Telle était, en 2006, la position défendue dans une émission de Culture et Dépendances par Alain Mabanckou, dont le roman Verre cassé, a été salué par de nombreux prix. Telle est aussi, à peu de choses près, le statut que souhaite un Tahar Ben Jelloun, qui se dit un écrivain français d’origine marocaine. On peut jouer sur les mots. Il n’en reste pas moins que l’appellation francophone, si elle permet de donner une certaine visibilité aux productions littéraires dites de la « périphérie » ne saurait être une frontière ou un cadre fermé. Les écrivains, sans doute est-il nécessaire de le rappeler, sont écrivains avant d’être francophones, allophones, migrants, postcoloniaux ou quoi que ce soit d’autre.
Le malaise s’est exprimé de nouveau en 2007 avec la publication du manifeste dans le journal Le Monde (16 mars), puis repris dans Le Devoir (24 mars). On y sonnait le glas de la francophonie entendue comme le « dernier avatar du colonialisme français » et on annonçait l’avènement d’une littérature-monde en français « dont le centre est désormais partout, aux quatre coins du monde ». Co-rédigé par Jean Rouaud, romancier récipiendaire du prix Goncourt pour Les champs d’honneur et par Michel Le Bris, directeur du festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo, et co-signé par 44 écrivains, parmi lesquels Jacques Godbout, Wajdi Mouawad, Dany Laferrière et Nancy Huston, ce manifeste mettait en évidence l’ambiguà¯té que recouvre le terme de francophonie lorsqu’il s’agit d’appliquer à la littérature un concept de nature d’abord politique.
Alors qu’au printemps 2006, des écrivains francophones se disaient marginalisés dans l’institution littéraire française, bien que publiés par des maisons d’édition parisiennes, les prix littéraires de l’automne semblaient avoir changé la donne, puisque cinq sur sept de ces prix avaient été attribués à des auteurs « venus d’ailleurs ». D’où la nécessité, pour plusieurs écrivains, de recomposer avec des notions plus englobantes la scène de l’écriture « en français ».
Quoi qu’il en soit de ces désignations, on constate que plusieurs champs littéraires francophones existent avec leurs tensions, leurs luttes intérieures et leurs lieux de diffusion. Ces littératures fonctionnent ainsi selon une double forme d’institutionnalisation, celle qui les relie à l’espace d’origine et celle qui les rapproche du champ littéraire français hexagonal, dont elles constituent parfois, comme c’est le cas pour la littérature antillaise, une sorte d’avant-garde tumultueuse.
Comment les écrivains québécois se situent-ils dans le contexte de la francophonie? Qu’en est-il de la littérature québécoise en regard des autres littératures de langue française ? Quels types de liens peut-on établir entre les différentes aires francophones ?
Dans quelle mesure les oeuvres contemporaines sont-elles tributaires des propositions formelles fournies par les écrivains non hexagonaux ? Peut-on parler d’un héritage commun et d’une information réciproque? Quelles configurations sont privilégiées ?