Dans le cadre du Printemps des revues de la SODEP, Michel Lacroix (cochercheur CRILCQ, UQAM) et Rachel Nadon (Université de Sherbrooke) organisent la table ronde sur les revues culturelles « On revient toujours à la revue ». Elle réunira des membres des comités de rédaction de quatre revues contemporaines (Estuaire, Liberté, Spirale et Tristesse) autour des questions d’amitiés et de travail d’écriture.
Comment l’amitié façonne-t-elle les manières d’écrire en revue? La revue se conçoit-elle comme un projet collectif, une « identité » partagée, ou comme un recueil à plusieurs voix solitaires? La revue est-elle, comme le dit Barthes, « une étape d’écriture : l’étape où l’on écrit pour être aimé de tous ceux que l’on connaît »?
Il s’agira ainsi de réfléchir aux dimensions collectives, mais aussi poétiques et matérielles des périodiques culturels.
La discussion sera orientée par les propos de Roland Barthes :
« Lorsqu’on écrit un texte pour une revue, ce n’est pas tellement au public de cette revue que l’on pense […] mais au groupe de ses rédacteurs; ils ont le mérite de constituer une sorte d’adresse collective, mais non, à proprement parler, publique: c’est comme un atelier, une “classe” […]: on écrit pour “la classe”. La revue – hors des considérations tactiques de combat, de solidarité, dont je ne parle pas ici – la revue est une étape d’écriture : l’étape où l’on écrit pour être aimé de tous ceux que l’on connaît, l’étape prudente, raisonnable, où l’on commence à relâcher, sans le rompre, l’ombilic transférentiel du langage (cette étape n’est jamais terminée complètement: si je n’avais pas d’amis, si je n’avais pas à écrire pour eux, aurais-je encore le courage d’’écrire? On revient toujours à la revue.)1 »
L’événement se déroulera le mercredi 19 avril 2023, dès 17 h, à la Librairie Zone Libre.
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1-Roland Barthes, « Réponses », dans Tel Quel, no 47, automne 1971, reproduit dans Œuvres complètes, vol. III, « 1968-1971 », Éric Marty (éd.), Seuil, p. 1030-1031.
PARTICIPANT·ES
Katrie Chagnon (revue Spirale) est directrice et rédactrice en chef de la revue Spirale. Détentrice d’un doctorat en histoire de l’art de l’Université de Montréal, elle poursuit également ses travaux à titre de professeure associée aux départements d’histoire de l’art de l’UQAM et des sciences historiques de l’Université Laval. Ses recherches portent principalement sur les théories et les discours sur l’art, ainsi que sur les approches psychanalytiques, féministes et phénoménologiques. En 2022, elle a publié Le devenir-femme des historiens de l’art : Michael Fried et Georges Didi-Huberman (Les Presses de l’Université de Montréal). Katrie Chagnon est également active dans le milieu des arts visuels et de la culture depuis une quinzaine d’années en tant qu’autrice, éditrice et commissaire d’exposition. De 2015 à 2018, elle a occupé le poste de conservatrice de recherche Max Stern à la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia. Elle s’est jointe à l’équipe de Spirale en 2019 et en assure la direction depuis 2021.
Valérie Lefebvre-Faucher (revue Liberté) est écrivaine et éditrice. Elle a travaillé aux éditions Varia, Écosociété et Remue-ménage. Elle est aujourd’hui rédactrice en chef de la revue Liberté. On peut la lire entre autres dans Faire partie du monde (2017), Procès verbal (2019) et Promenade sur Marx (2020).
Stéphanie Roussel (revue Estuaire) est autrice, éditrice et chercheuse. En plus d’être à la direction littéraire d’Estuaire, elle conçoit des livres, dont Pauvreté (Triptyque, 2021) et Enjeux du contemporain en poésie au Québec (PUM, 2022). Le premier épisode de Généalogie, un reportage en sept parties dans lequel elle retrace l’histoire intime d’Estuaire, vient de paraitre dans le cent-quatre-vingt-septième numéro estuarien. Elle poursuit actuellement un doctorat en recherche-création à l’Université Laval.
Marie Saur (revue Tristesse) est réviseuse et éditrice de la revue Tristesse. Elle a publié le roman Les tricoteuses aux éditions Héliotrope, et collabore à Liberté et à Lettres québécoises.