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Université du Québec à Montréal
Table ronde

Table ronde « Les pratiques actuelles de la recherche en histoire de l’art au Québec »

Lundi 6 février 2017
UQAM, Pavillon Judith-Jasmin, local J-R610

Programme

12 h 05 Historiographie et théories de l’image

Animation : Rachel Boisclair

  • Francine Couillard, Cycle de recherche du doctorat en sémiotique, UQAM
    « L’apport de la rhétorique et de la sémiotique dans l’analyse du discours visuel des œuvres de peintres québécois de la modernité »

Dans notre démarche d’analyse rhétorique et sémiotique de cinq œuvres de peintres québécois, nous approchons l’œuvre dans l’optique de faire le constat de sa production et de faire ressortir des aspects de la position des artistes quant à la modernité. Nous souhaitons orienter le regard vers des éléments qui ne concernent pas uniquement l’iconographie, le style de l’époque ou la culture. Notre analyse suit les traces de l’adresse rhétorique du discours verbal, sauf qu’il s’agit ici de l’image. Les tableaux sont décomposés selon les parties du discours, invention, disposition, élocution, mémoire et action, faisant ressortir l’importance que l’artiste accorde à chaque partie de même que selon les figures rhétoriques qu’il utilise pour s’exprimer. L’analyse sémiotique utilise la figure rhétorique comme signe sémiotique à l’origine du processus de signification de l’œuvre. Nous concevons ces œuvres comme un discours visuel, du genre épidictique, constitué de formes d’expression particulières à l’artiste. Nous voyons ces œuvres comme la réponse des artistes à « une question [qui] se pose, […] parce qu’il y a une cause à défendre », ce que Michel Meyer décrit comme fin du discours rhétorique.  Nous nous engageons dans cette analyse pour, peut-être, ouvrir ces œuvres à de nouveaux horizons.

  • Dominic Hardy, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « Envisager : de la caricature à la satire visuelle, penser la société québécoise »

Cette présentation sera le temps d’un moment de réflexion, d’une pause sur le chemin d’un projet encore inachevé, celui de rendre visible quels ont été et quels sont encore les recours à l’expression satirique dans les cultures visuelles qui se chevauchent et se succèdent sur le terrain social québécois. Alors que certaines études monographiques portant sur des caricaturistes individuels (Henri Julien, Robert LaPalme, Albéric Bourgeois), n’étant jamais complètes, se renouvèlent en communauté de chercheur.e.s, et alors qu’une volonté de structurer les études sur la presse illustrée satirique se dessine, ce moment de réflexion envisage l’histoire qui est toujours à suivre: comprendre comment cette expression satirique a infiltré les autres milieux de l’art que sont les réseaux des lieux d’exposition et les discours sur l’art contemporain et actuel.

  • Marie Ferron-Desautels, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « Trouver les traces d’une production satirique féminine dans le Québec du XIXe siècle : le cas de Katherine Jane Ellice »

Ce projet de recherche a pour principal objectif de révéler la présence d’une imagerie satirique au sein de journaux intimes, de carnets et de correspondances tenus par des femmes au Québec au XIXe siècle, afin d’ainsi mettre au jour une pratique méconnue de l’histoire de l’art au Québec. L’aquarelliste d’origine écossaise Katherine Jane Ellice (1814-1864), qui a séjourné au Québec en 1838, tenait lors de ce voyage un carnet de dessin et un journal de voyage qui sont aujourd’hui conservés à Bibliothèque et Archives du Canada. Une première analyse du matériel visuel et textuel de ces sources privées permet d’attester l’existence d’une production satirique féminine dans le Québec du XIXe siècle. Les écrits du journal d’Ellice, dont le ton est souvent humoristique et satirique, apparaissent comme une clé de lecture essentielle des images du carnet, permettant de révéler le caractère satirique de certaines d’entre elles. Afin d’analyser le rapport entre le texte et l’image au sein de ces sources, je souhaite développer une grille d’analyse des interconnexions entre le texte et l’image satiriques.  

12 h 30 : Figures identitaires en photographie et au cinéma

Animation : Nazik Dakkach

  • Fanny Poupart, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « La représentation autochtone dans les photographies de Hugh A. Peck lors de son voyage au nord du Québec en 1909 »

Notre projet portera sur les photographies de Hugh A. Peck lors de son voyage au nord du Québec en 1909. Nous nous pencherons sur la représentation du mode de vie autochtone dans les postes de traite lors de ce voyage organisé par Revillon Frère. Ces images du fonds photographique Hugh A. Peck du Musée McCord de Montréal portent en partie sur le travail et l’organisation de la vie autour des postes de traite. Nous croyons que l’analyse de ces images de l’Autre autochtone, particulièrement l’iconographie de la femme autochtone, nous permettrons de mieux comprendre les systèmes de représentations sociales et les questions identitaires liées aux autochtones du Nord. Notre étude historiographique convoque des théories liées aux Visual Studies, ainsi qu’aux études postcoloniales et féministes. Notons que peu d’informations concernant Hugh A. Peck et sa pratique existent à ce jour. 

  • Julie Ravary, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Université de Montréal
    « Terre-mère en trois temps : histoire d’une figure enracinée dans l’imaginaire national du cinéma québécois »

À travers les époques, au sein de chaque culture, les humains entretiennent des histoires, des contes, voire des mythes sur la fécondité de la femme. Cette fécondité sera expliquée (et racontée) à maintes reprises à travers une analogie entre la femme et la terre, par le biais du phénomène naturel que ces deux dernières partagent : leur fécondité. Ce lien entre corps féminin et territoire a donné lieu à la création de nombreuses figures : des déesses gréco-romaines Gaïa, Rhéa et Déméter, jusqu’à l’anthropomorphiste de la « motherland » / Mère-patrie des États-nations. D’où vient cette personnification allégorique, et plus précisément, ici en ce qui nous concerne, comment l’inscription de cette figure dans le cinéma participe au discours genré féminin dans l’imaginaire d’une nation? Afin de répondre à ces questions, je propose une analyse de la Terre-mère dans le cinéma québécois en trois déclinaisons : La femme-terre dans les adaptations cinématographiques des romans de la terre, la femme-nation dans les films de sexploitation des années 1960 et 1970 dans lesquels l’émancipation nationale passait par l’« émancipation » des femmes, et la femme-nature comme figure écoféministe que l’on retrouve dans certains films québécois produits dans les années 2000 et 2010.

12 h 50 Sculpture et polysensorialité

Animation : Nazik Dakkach

  • Anne-Marie Dubois, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « Le recours à l’objet en art actuel : vers une pratique sculpturale nouveau genre »

Suite à un contrat de recherche mené sur une période de deux ans dans le cadre du projet Cartographie de l’art contemporain et actuel au Québec, au Musée national des beaux-arts du Québec, j’ai pu constater l’absence éloquente d’ouvrages ou de recherches sérieuses sur la sculpture au Québec depuis les vingt dernières années. Surprenante, car asymétrique à l’imposant corpus d’oeuvres produites à la même époque, cette lacune demeure encore à ce jour un point aveugle de la recherche en histoire de l’art au Québec. J’entreprends ainsi mon doctorat déterminée à combler cet écueil, mais plus encore, à comprendre de quelle manière s’articulent ces pratiques de la sculpture depuis le tournant du XXIe siècle, siècle marqué à la fois par un « retour à l’objet » et par un néolibéralisme omnipotent qui module à son tour les dynamiques du monde de l’art actuel. 

  • Charlie Carroll-Beauchamp, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « La pratique de l’aveuglement volontaire chez Raphaëlle de Groot »

Le sujet de recherche de mon mémoire porte sur la pratique de l’aveuglement volontaire chez l’artiste québécoise d’art actuel Raphaëlle de Groot. Il vise à analyser tous les aspects et enjeux que comporte la pratique artistique de cette artiste dont les plus déterminants sont : la privation sensorielle visuelle et les notions de polysensorialité qu’elle engendre, la figure de l’artiste (identitaire et politique) et la nature du travail de création, ainsi que la relation entre le corps et les objets. Je souhaite situer sa démarche par rapport à celle d’autres artistes qui, précédemment et encore aujourd’hui, ont fait (et font) de la privation sensorielle et notamment de la privation visuelle, le centre de leur démarche. Cela me permettra ainsi de mieux comprendre et d’analyser la place de cet  aveuglement volontaire chez Raphaëlle de Groot. Je souhaite également analyser l’impact d’une histoire de la visualité dans ce type de pratique artistique.

13 h 10 Pratiques artistiques contemporaines et enjeux institutionnels

Animation : Marie Ferron-Desautels

  • Rachel Boisclair, Département d’histoire de l’art, UQAM
    « Nul n’est moderne en son pays »

Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, l’Art Association of Montreal participe à la propagande et aux relations diplomatiques canadiennes. Cette implication politique a des conséquences paradoxales : le musée expose plus d’art contemporain que jamais. Le mécontentement des modernes québécois n’en est que plus fort. Lorsqu’il s’agit d’art étranger, l’AAM accepte à contrecoeur des œuvres « trop » modernes afin d’éviter de se brouiller avec les musées et instances gouvernementales des pays qu’elle accueille. Par contre, quand il s’agit d’œuvres contemporains du Québec et du Canada, l’AAM est plus contraignante et incite les artistes à s’engager dans la propagande canadienne. Dans le contexte de guerre, les modernités d’ailleurs sont ainsi tour à tour cautions et concurrentes de la modernité artistique québécoise et de son acceptabilité institutionnelle. 

  • Flavie Boucher, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Université de Montréal
    « L’art populaire au Québec : l’expression d’une identité culturelle en transformation. Un résumé »

L’art populaire québécois présente traditionnellement un lien avec le territoire, avec l’histoire nord-américaine et avec sa mythologie. Mais depuis la modernité, plusieurs facteurs (économiques, sociaux, politiques) ont ordonné cette matière à des transformations majeures. Par un retour historique au champ de l’art populaire au Québec, en passant par ses grandes phases de transformation, nous chercherons à répondre à la question : qu’en est-il de l’art populaire aujourd’hui ? Dans ce cadre, notre projet de recherche permettra de réfléchir sur le rôle et la place de l’art populaire contemporain et de ses contextes de production, en plus d’observer son pouvoir réflexif sur la culture québécoise. Ainsi, mon intervention présentera les grandes lignes de cette recherche en clarifiant ses objectifs, tout en exposant le corpus choisi, la méthodologie adoptée et l’hypothèse envisagée pour mener le projet à terme. 

  • Andréanne Roy, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Université de Montréal
    « Vers une interpénétration accrue des segments institutionnels et marchands dans le monde de l’art contemporain au Québec ? Enquête interactionniste sur l’évolution de la division du travail et des pratiques collaboratives (1985-2017) »

Ce projet de recherche vise à offrir une meilleure compréhension de la dynamique sociale entre les acteurs institutionnels et marchands du monde de l’art contemporain au Québec, des années 1980 à aujourd’hui. Pour ce faire, influencée par la sociologie du travail, nous étudions l’évolution des conventions affectant la division du travail et les pratiques collaboratives liants ces intermédiaires. Nous souhaitons ainsi mettre à l’épreuve l’hypothèse voulant qu’au cours de cette période, ces segments professionnels en soient venus à être non plus seulement interdépendants, mais aussi de plus en plus interpénétrés. Si cette recherche empirique doit permettre de préciser leur degré d’interpénétration, elle vise avant tout à mieux comprendre le processus interactionnel par lequel ces acteurs ont développé une proximité sociale accrue. 

13 h 40 Le mot de la fin

organisation

Rachel Boisclair
Marie Ferron-Desautels
Marjolaine Poirier

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Icône de calendrier
lundi 06 février 2017, 12:00 - 14:00
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Université du Québec à Montréal (UQAM) - Pavillon Judith-Jasmin, local J-R610