Professeure : chantal savoie
Horaire : Mardis, de 12h30 à 15h30
Description et objectifs
Parmi les avenues fructueuses qui contribuent actuellement à renouveler notre compréhension des enjeux qui structurent les dynamiques littéraires en général et la critique littéraire au féminin en particulier, l’histoire littéraire au féminin occupe une place importante, tant en Europe, aux États-Unis qu’au Canada anglais. Au Québec, plusieurs études d’auteures individuelles, de genres littéraires particuliers ou de périodes historiques marquantes (le tournant du XXe siècle notamment) ont donné lieu à des travaux qui s’inscrivent dans les perspectives de l’histoire littéraire des femmes. Toutefois, peu d’études ont entrepris de lire ces différents jalons de l’histoire littéraire des femmes autrement que comme une juxtaposition d’événements qui constituent autant d’épisodes successifs d’une grande histoire dont la logique demeure avant tout celle des acteurs et des pratiques qui dominent le champ littéraire. Par conséquent, on a peu tenu compte de la cohérence interne de l’histoire littéraire des femmes, et des façons dont se manifeste cette cohérence qui, sous l’impulsion de travaux scientifiques récents, devient de plus en plus manifeste.
Dans sa dimension plus théorique, l’état actuel des connaissances en histoire littéraire des femmes permet généralement de scinder cette histoire en catégories commodes, distinguant par exemple le volet des écritures intimes de celui des écritures publiques et publiées, ou départageant témoignages historiques et écriture littéraire, écriture « alimentaire » et écriture artistique, livres et textes publiés sur des supports plus éphémères comme le journal ou la brochure, etc. Perçus et étudiés comme distincts, ayant chacun leurs genres privilégiés et leurs stratégies scripturaires spécifiques, ces différents modes d’écriture des femmes, malgré la diversité qu’ils cartographient, ne permettent pas en soi d’échapper à une histoire littéraire qui, malgré sa richesse et sa diversité, en est une de l’exclusion. Or la tendance à dater les « premières » et à survaloriser l’innovation circonscrit le passé littéraire féminin à de petits apartés de l’histoire littéraire générale. Si la critique littéraire féministe s’est très tôt intéressée tant aux possibilités d’une écriture-femme qu’aux liens que tissent entre eux les textes littéraires d’écrivaines contemporaines, la question de la filiation littéraire au féminin semble avoir été moins explorée dans sa dimension historique, du moins pour le corpus québécois.
L’idée du séminaire est ainsi d’une part de stimuler une réflexion plus théorique sur les perspectives à l’aide desquelles on aborde l’histoire littéraire au féminin. D’autre part, il souhaite favoriser des relectures d’œuvres féminines (romans, poèmes, journaux intimes, correspondance, genres brefs, essais, etc., qu’elles aient été publiées sous forme de livre ou dans les journaux) en mettant en valeur les stratégies et les figures qui permettent de les rattacher à une filiation littéraire au féminin, et ainsi de circonscrire un espace littéraire imaginaire dans les limites duquel elles s’autorisent à écrire. La perspective de la filiation permet notamment de mieux cerner ce point d’équilibre entre les velléités d’écriture des femmes et les attentes de la société à cet égard, équilibre qui en dit long sur les limites de l’acceptabilité de l’écriture féminin et les rôles scripturaires dévolus aux femmes. En outre, cette stratégie d’analyse oblige à repenser les notions de tradition, de conformité, d’orthodoxie, et d’interroger les modalités de l’histoire littéraire elle-même.
Approche pédagogique
Exposés magistraux, conférences par des invité-e-s, présentations orales parles étudiant-e-s, participation active.
Évaluation
Compte rendu critique d’un texte théorique 20% (4 pages)
Présentation orale 25% (20 minutes)
Travail d’analyse écrit 40% (12 à 15 pages)
Participation aux échanges 15% (remise d’une trace écrite de trois interventions préparées formulées en classe, 5% par intervention).
Barème de notation
Excellent : A+=96-100; A=90-95; A-=85-89.
Très bon : B+=82-84; B=78-81; B-=75-77.
Bon : C+=72-74; C=68-71; C-=65-67.
Passable : D+=61-64; D=55-60.
Insuffisant : E=0-54.
Toute forme de plagiat conduira à l’échec du cours et sera signalée aux autorités universitaires.
Lectures obligatoires
Recueil de textes constitué par la professeure (en vente à la librairie Zone).
Une pièce au choix d’Yvette O. Mercier Gouin parmi les suivantes (à la réserve de la bibliothèque) :
Cocktail : comédie en trois actes, Montréal : Lévesque, 1935, 134 p. ;
Péché de femme : pièce en trois actes, [s.l.], [s.é.], 1943, 69 p.
Un roman historique au choix parmi les suivants :
Françoise Chandernagor, L’allée du Roi, Pocket, 2005, 690 pages ;
Chantal Thomas, Les adieux à la Reine, Points, 2003, 247 pages.
Calendrier des séances
- 15 janvier Présentation, introduction et problématique
- 22 janvier Enjeux théoriques et méthodologiques : littérature, histoire et genre
Denis Saint-Jacques, « Pourquoi et comment faire de l’histoire littéraire »
- 29 janvier Enjeux poétiques : Questions de genre et de genres
- 5 février Enjeux axiologiques et institutionnels : Pratiques, représentations, conformité, légitimité
- 12 février Lucie Robert, « L’histoire littéraire, les femmes et la dramaturgie »
- 19 février Catherine Dubeau, « Mme Necker et Mme de Staël : roman familial et écriture »
- 26 février Semaine de lecture
- 4 mars Julie Roy, « Correspondance et histoire littéraire »
- 11 mars Michel Lacroix, « Théorie des réseaux et histoire littéraire des femmes »
- 18 mars Marie-Pierre Gagné, « La littérature dans la revue Paysana (1938-1949) » (à confirmer)
- 25 mars Marie-Frédérique Desbiens, « Les femmes et le nouveau roman historique »
- 1er avril Claudia Raby, « Jeanne Lapointe et l’histoire de la critique féministe au Québec »
- 8 avril Relâche
- 15 avril Marie-Ève Thérenty, « Les femmes et la chronique dans la presse quotidienne au XIXe siècle »
- 22 et 23 avril Colloque final (présentations orales des étudiant-e-s)
- 25 avril Fin de la session. Date limite pour remettre le travail final.
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