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Université Laval
Bourses et prix

Récipiendaires des bourses de l'automne 2016 au CRILCQ – U. Laval

Le CRILCQ – site Université Laval félicite les lauréats du concours d’automne 2016 de la Bourse d’excellence Denis Saint-Jacques et de la Bourse d’excellence Aurélien Boivin.

Bourse d’excellence Denis Saint-Jacques (fin de mémoire de maîtrise)

  • Noémie-Geneviève Bentz-Moffet, sous la direction de Chantal Hébert, mémoire intitulé « Reprise et travestissement de la tragédie : le jeu d’Olivier Choinière dans Jocelyne est en dépression – tragédie météorologique ».1 000,00 $

Parue en 2002, la pièce Jocelyne est en dépression d’Olivier Choinière fait partie du théâtre contemporain et mélange, en toute liberté, des styles, des références sociales et des formes théâtrales. L’auteur y propose un dialogue entre un chœur contemporain et une présentatrice du bulletin météorologique télévisé. Au cours de notre étude, nous analysons d’abord la présence, au sein du texte, d’éléments issus de la tragédie grecque. Nous pensons que les relations entre les personnages principaux sont influencées par de telles insertions. Ensuite, nous nous employons à dégager certains rapports de force à travers les dialogues auxquels participent ces mêmes personnages. Olivier Choinière ayant composé une pièce où le conflit s’exprime sous la forme d’un débat, nous voulons examiner la construction particulière des répliques. En conclusion, notre travail met en lumière l’originalité du travail de Choinière et la variété des repères formels, stylistiques et même culturels auxquels il a eu recours pour bâtir son œuvre. 

Bourse d’excellence Aurélien Boivin (entrée aux cycles supérieurs)

  • Charles-Antoine Fugère, sous la direction de René Audet, projet de mémoire intitulé « Le lecteur contraint : prédétermination de la lecture en contexte numérique ».1 500,00 $ 

Mon projet de recherche portera sur la littérature numérique. Il tentera plus précisément de cerner en quoi les rapports entre le lecteur et l’œuvre se complexifient en contexte numérique.  S’il est évident que le lecteur interagit de manière plus explicite avec l’œuvre, est-il pour autant plus « libre » dans sa lecture ? On a souvent l’impression que le lecteur à l’heure 2.0 peut contrôler à sa guise le déroulement du récit et son contenu, mais il se révélerait à l’inverse contraint. En fait, sa place ne relèverait pas de son libre arbitre, mais serait bel et bien prédéterminée par l’auteur. Afin de comprendre comment s’incarne cette sensation d’être restreint dans ses gestes, mon projet analysera trois fictions narratives numériques différentes : Déprise de Serge Bouchardon, The Stanley Parable de Davey Wreden et William Pugh ainsi que Chroniques d’Abîme(s) de Marc Jallier. Ces œuvres sont particulièrement parlantes, puisqu’elles provoquent à divers niveaux une sensation de perte de contrôle chez le lecteur qui se retrouve ainsi limité, voire manipulé dans la gestion de sa lecture. Mon mémoire s’intéressera donc à trois genres narratifs différents, soit la fiction hypertextuelle, le jeu vidéo et le livre enrichi, et ce, afin de rendre compte du caractère pluridisciplinaire et multiple des fictions narratives numériques. 

  • Tom Lebrun, sous la direction de René Audet, projet de thèse intitulé « Les Œuvres Artificielles ». 3 500,00 $ 

L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) irrigue désormais la plupart des secteurs et devrait continuer à transformer notre société en profondeur dans les années qui viennent. Dans le domaine culturel, les premières créations générées par IA existent déjà et interrogent un basculement théorique fondamental : que penser de ces nouveaux livres sur nos bibliothèques, créés ou co-créés par des intelligences artificielles ? Cette question n’est plus seulement théorique à l’heure où de tels ouvrages passent les sélections de concours littéraires[1], où il devient possible de générer de nouveaux récits ou des suites potentielles d’œuvres préexistantes[2], où des auteurs même sont ressuscités sous forme de robots androïdes pour donner cours à l’Université[3]. Quel est donc le statut de telles « œuvres », et doit-on parler d’œuvres ? Quelle en est la génétique ? Où se situe leur place dans le continuum théorique actuel ? Que faire, en un mot, d’un livre, d’un film ou d’un jeu vidéo dont l’agent générateur n’est plus un être vivant mais une machine pensante, et ce pour la première fois dans l’Histoire ?


[1] Le Nikkei Hoshi Shinichi Literary Award a ainsi vu candidater cette année pas moins de 11 livres co-créés par des IA. Voir : http://the-japan-news.com/news/article/0002826970
[2] Un nouveau chapitre a par exemple été récemment rédigé à partir des quatre premiers livres de la saga Harry Potter. Voir : https://medium.com/deep-writing/harry-potter-written-by-artificial-intelligence-8a9431803da6#.o6j6jocd2
[3] Les chercheurs en intelligence artificielle de l’université Nishogakusha créeront donc pour 2021 un androïde basé sur l’un des écrivains les plus célébrés du pays, Sōseki Natsume, mort en 1916. Voir :  http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-3639819/Japan-set-reanimate-novelist-Soseki-Natsume-ROBOT.html