
1er février 2019
Laboratoire de science, Morrin Centre
44, Chaussée des Écossais, Québec
Université Laval
Les responsables du projet La vie littéraire au Québec, inspirés par les théories de Pierre Bourdieu et de Jacques Dubois, écrivent, dès leur premier tome (1991), qu’« au cours de son histoire, la littérature québécoise a dû progressivement déterminer son espace propre (passage de l’oral à l’écrit, du politique à l’esthétique, du non-littéraire au littéraire, de la culture commune à la culture restreinte) ». En somme, c’est le processus d’autonomisation de la littérature que l’on identifie ici, celui que la France aurait connu pendant la décennie 1850. Mais cette autonomisation va-t-elle de soi en contexte québécois ? Les acteurs de la littérature ont-ils véritablement isolé cette dernière, par exemple, du politique ? Quid des frontières que le champ littéraire aurait créées en repoussant l’oralité, le politique, la culture commune ?
Denis Saint-Jacques et Alain Viala, dans un ouvrage consacré à l’héritage des idées de Bourdieu, relativisent justement cette idée d’autonomisation en contexte québécois : « Reste que, par suite de sa généalogie singulière, dans le champ littéraire québécois le débat sur la littérature et celui sur la politique et l’identité “nationales” sont d’abord liés, et l’autonomie du littéraire se fait d’abord avec l’autonomie politique, et non contre le politique; et les réceptions ou rejets de modèles venus d’Europe comme la recherche de modèles propres se médiatisent par cela : ainsi les débats sur les modèles romantiques,symbolistes, ou encore “l’art pour l’art”, contrebattus par une tendance “provincialiste” qui bénéficie, bien plus qu’en France, où le régionalisme occupe alors une position faible dans la hiérarchie des légitimités, d’une forte audience liée à l’interrogation identitaire. »
En somme, cette journée d’étude sera l’occasion de se poser deux questions, d’une banalité presque déconcertante : l’autonomisation de la littérature a-t-elle eu lieu au Québec? Si oui, à quel moment ou pendant quelle période s’est-elle concrétisée? Les réponses ne seront pas banales pour autant.
Cette journée d’étude organisée par Jonathan Livernois (CRILCQ, Université Laval) réunira notamment Karim Larose (CRILCQ, Université de Montréal), Martine-Emmanuelle Lapointe (CRILCQ, Université de Montréal), Anne Caumartin (CRILCQ, Université Laval), Jonathan Livernois (CRILCQ, Université Laval), François Dumont (CRILCQ, Université Laval) et Denis Saint-Jacques (CRILCQ, Université Laval). Elle aura lieu le 1er février 2019 au Laboratoire de science du Morrin Centre (44, Chaussée des Écossais), Université Laval.
Programme préliminaire
Denis Saint-Jacques (Université Laval) 09h30-10h30
« L’autonomisation littéraire comme tendance historique »
Pause
Martine-Emmanuelle Lapointe, (Université de Montréal) 10h45-11h25
« “L’art pour l’art” est-il un leurre? Réflexion inachevée sur les liens entre esthétique et politique dans quelques essais québécois parus depuis 2000 »
Jonathan Livernois (Université Laval) 11h25-12h05
Littérature et politique : bienvenue au « salon des refusés »
Dîner 12h05-14h00
Karim Larose (Université de Montréal) 14h00-14h40
« Le vers libre en débat : traces de la modernité poétique au Québec »
Lucie Robert, UQAM 14h40-15h40
« L’autonomisation de la littérature, oui, mais pour quoi faire ? »