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Journée d'étude « Le patrimoine latin du Québec (1608-1968) : état de la question »

Vendredi 2 octobre 2009
CRILCQ de l’Université de Montréal
Local C-8141

Quand, au début des années 1960, le rapport Parent proposa la démocratisation des collèges classiques du Québec et une réforme des Universités, il rejoignait la vision idéologique de la « Révolution Tranquille » de faire entrer le Québec dans la modernité et de démocratiser la société. Mais aussi légitime que puisse être l’idéal de ce mouvement de fond, il marqua de fait la fin des études classiques, et en particulier de l’enseignement du grec et du latin. A la même époque, mais de l’autre côté de l’Atlantique, Jacques Brel commençait à fredonner sa célèbre chanson Rosa (1962), dans laquelle il dénonçait un système scolaire obsolète placé sous la tyrannie du latin, langue devenue le symbole odieux d’une société élitiste. Ce « tango des bons Pères et des forts en thème » était aussi le cauchemar des « forts en rien » et le symbole à abattre de deux institutions, l’Église et l’École, qui voyaient leurs bases ébranlées par l’aggiornamento de ces mêmes années. Ainsi, en très peu de temps, au nom de la modernisation et de la démocratisation, le latin quitta à la fois les autels et les salles de classe, passant du pinacle de la hiérarchie scolaire au rayon des vieilleries n’ayant plus le droit de cité à l’âge atomique. Au Québec, cette désaffection pour les études classiques a entre autres eu pour conséquences d’entraîner l’oubli de tout le patrimoine littéraire latin moderne, à un moment où justement ailleurs les études néolatines prenaient leur essor. Aussi les textes latins composés en Nouvelle-France et au Québec n’ont-ils jamais vraiment reçu l’attention des chercheurs : les latinistes par manque de temps ou d’intérêt, les autres par manque de maîtrise de la langue latine ou par rejet de ce qu’elle pouvait encore représenter idéologiquement. Ces textes et cette tradition représentent donc un point aveugle de l’histoire littéraire et culturelle canadiennes qu’il est temps d’explorer. La journée d’étude organisée dans le cadre du CRILCQ le 2 octobre voudrait tenter un premier état de la question en abordant deux des principaux aspects de la question : place et rôle des textes latins et des références classiques dans les œuvres littéraires de la Nouvelle-France et du Québec, usages savants et pédagogiques du latin du XVIIIe siècle au XXe siècle. Ce premier tour d’horizon devrait permettre d’établir un status quaestionis : évaluer ce qui est déjà connu et étudié, dresser un inventaire des textes à éditer, réfléchir aux démarches d’investigation à poursuivre.

PROGRAMME

8 h 30 Accueil

  • 9 h 00 Introduction par Jean-François Cottier (Université de Montréal)

La Nouvelle-France

Présidente de séance : Dominique Deslandres (Université de Montréal)

  • 9 h 15 Jean-François COTTIER (Université de Montréal)
    « Les écrits latins en Nouvelle-France (1608-1763) : état de la question »
  • 9 h 45 Hajo WESTRA (Université de Calgary)
    « Citation implicite, citation explicite dans les écrits latins des Jésuites sur le Canada »
  • 10 h 15 Période de questions

10 h 45 Pause café

  • 11 h 00 Amélie HAMEL (Université de Montréal)
    « Les Historiæ Canadensis du père François Du Creux (Paris, 1664) : enjeux et problèmes littéraires »
  • 11 h 30 John BISHOP (Université McGill)
    « Qu’il y-a-t-il de si drôle dans la chasse au canard ? Ce que les ouvrages linguistiques nous disent de la rencontre entre les Jésuites et les Nehiro-irini8 »
  • 12 h Période de questions

12 h 30 Repas

Le Québec 

Présidente de séance : Micheline Cambron (Université de Montréal)

  • 14 h 00 Marc-André BERNIER (UQTR)
    « Enseigner la rhétorique en latin au séminaire de Québec (1767-1835) »
  • 14 h 30 Iréna TRUJIC (Université de Montréal)
    « Jacques et Marie, souvenir d’un peuple dispersé : le modèle virgilien de Napoléon Bourassa »

15 h 00 Pause café

  • 15 h 15 Patrick LETENDRE (Université de Montréal)
    « Le latin et son enseignement au Québec du XVIIIe au XXe siècles »
  • 15 h 45 Benoît CASTELNERAC (Université de Sherbrooke)
    « Le grec dans les études classiques au Québec, entre patrimoine littéraire et culture philosophique »
  • 16 h 15 Période de questions
  • 16 h 45 Discussions, bilan et perspectives