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Université Laval
Journée d'étude

Journée d'étude « Créer à l'Université : pourquoi, comment ? Enjeux et devenirs de la recherche création à l'Université Laval »

Vendredi 16 avril 2010
Pavillon Charles-De Koninck
Local 3244

PROGRAMME

1. L’enseignement en recherche-création

  • Esther Pelletier
    Créer, chercher, réfléchir et enseigner à l’université
    Chercher, créer, réfléchir et enseigner, telles sont les quatre opérations à la base de mon enseignement que je communique aux étudiants qui suivent mes cours et séminaires depuis 1978. M’appuyant sur mon expérience de comédienne, d’écrivaine, de photographe, de scénariste, de réalisatrice, de chercheure et de gestionnaire dans le domaine du cinéma et de la télévision, j’ai toujours axé mon enseignement sur l’expérience d’une pratique artistique soutenue et d’une réflexion sur les techniques et mécanismes qui entourent cette pratique sans négliger de l’ancrer dans la réalité concrète de son exécution et sans négliger de réfléchir sur la condition de l’art et de ses rapports avec l’expérience, l’aventure et la conscience humaine.
  • Francine Chaîné
    La recherche-création et l’accompagnement de jeunes chercheurs
    Dans un contexte de formation universitaire de deuxième cycle en arts visuels, l’étudiant doit s’engager dans un projet de recherche-création à partir duquel il produit une œuvre faisant l’objet d’une analyse réflexive. Cette recherche-création est exigeante à plus d’un titre : elle suppose l’autonomie du jeune chercheur qui doit construire son propre objet d’étude, l’œuvre à faire, en vue d’une présentation publique. Ces études de deuxième cycle nécessitent donc une supervision particulière prenant assise dans l’expérience (Dewey, 1980) dans une perspective d’accompagnement où l’œuvre agit comme médiation (Freire, 1974). L’étudiant s’engage vis-à-vis de son projet et il en est de même pour le directeur de recherche qui doit favoriser le dialogue autour de l’œuvre en vue de l’articuler au savoir.
  • François Dumont
    Étude et création
    J’aborderai la question des rapports entre étude et création dans le contexte de l’enseignement. Je voudrais souligner la nature complémentaire, de mon point de vue, entre la pratique de l’étude de la littérature et l’exercice de l’écriture littéraire. Il me semble que ces deux voies sont trop souvent isolées l’une de l’autre, y compris par les programmes eux-mêmes. Je comparerai les apports respectifs des cours d’analyse et des ateliers de création et j’évoquerai les exemples de Jacques Brault et de Milan Kundera, chez qui la critique et l’écriture me semblent indissociables.
  • Irène Roy
    Recherche-création et pratique collective
    La recherche-création en théâtre, expérimentée en tant que pratique collective aux 2 et 3e cycles, apporte son lot de problèmes et de frustrations tant chez les étudiants que chez le professeur. Comment mettre à profit les compétences artistiques de chacun ? Amener l’individu à participer aux explorations et à la prise de décisions dans le respect d’autrui et de soi? Voici quelques uns des enjeux que je propose d’examiner dans ma communication en prenant appui sur les Cycles Repère, une approche de création conçue pour favoriser la créativité en équipe. À travers mes réflexions et les témoignages d’étudiants, nous verrons que le contexte pédagogique universitaire complexifie les modalités de ce parcours artistique et oblige le professeur-facilitateur à mettre en place des stratégies qui permettent à chacun d’atteindre les objectifs du séminaire.

Pause

2. La thèse en recherche-création

  • Pierre-Luc Landry
    Entre théorisation d’une pratique et pratique de la théorie : posture plurivoque de recherche-création
    Dans le cadre de cette communication, j’examinerai la posture de recherche-création que j’ai adoptée dans le cadre de mes études de doctorat en littérature. Cette posture – que je qualifie de plurivoque – s’apparente à la théorisation d’une pratique tout comme elle s’apparente à la pratique de la théorie, mais s’éloigne par le fait même de ces deux profils possibles de recherche-création en ce que la pratique de création n’est pas le résultat de l’étude théorique et en ce que l’étude théorique ne parle pas explicitement de la création. J’expliquerai comment s’articule le lien entre la pratique de la création littéraire et la réalisation d’une étude théorique dans un tel contexte, l’étude théorique cherchant à comprendre quelque chose qui existe et transparaît dans la pratique, et la pratique constituant tout à la fois le « pigment de la problématique » (Bruneau et Burns, 2007 : 171) de l’étude théorique et une autre façon de comprendre le phénomène – le phénomène étant en ce qui me concerne précisément la présence d’événements surnaturels non problématisés dans un récit romanesque à tendance plutôt réaliste. Je montrerai comment une thèse en trois parties permet une telle posture et résout l’un des problèmes actuels de la recherche-création (à tout le moins en études littéraires), c’est-à-dire l’articulation explicite d’un lien entre les deux cheminements qui ont trop longtemps été placés l’un face à l’autre sur l’échiquier académique.
  • Micheline Lévesque
    Mouvement fluide entre création et projet de recherche
    Dans cette journée de réflexion, je rendrai compte du mouvement de va-et-vient que j’ai amorcé, au doctorat, entre l’écriture d’un roman et celle d’un projet de recherche. J’expliquerai comment le roman nourrit le travail d’analyse, travail qui, en fait, dans la recherche-création, doit germer du projet d’écriture pour assurer la réussite de l’entreprise et pour en affirmer l’originalité, la spécificité et la pertinence. Ensuite, je montrerai en quoi, à son tour, la lecture d’œuvres et d’ouvrages critiques alimente la création, le projet de recherche aidant l’écrivain à mieux voir le monde qu’il est en train de construire. Enfin, je parlerai de la contribution de la recherche-création au champ des études littéraires, notamment par le biais du discours réflexif entrepris par le doctorant écrivain dans le troisième volet de son projet.
  • Pascale Gravel-Richard
    Créer à l’université : une course à obstacles pour praticiens-chercheurs
    Le titre provisoire de ma thèse représente bien l’hybridité de mon profil au sein du programme de Littérature et arts de la scène et de l’écran : « Construction d’un modèle pédagogique basé sur la création interdisciplinaire : l’exemple de l’approche ONE DROP ». L’objet de la thèse est l’application de stratégies de création interdisciplinaire pour l’élaboration d’un modèle pédagogique. Le terrain de recherche est la « création » d’un triptyque composé d’une saynète, d’un atelier artistico pédagogique et d’un matériel didactique abordant une problématique liée à l’accessibilité et à la gestion de l’eau. Ce triptyque a pour but de stimuler la synergie et l’action complémentaire des partenaires centroaméricains de ONE DROPTM sur le terrain. L’analyse de cette expérience débouchera sur la conception du modèle pédagogique. La présentation des contraintes créatives de mon parcours de praticienne-chercheure s’articulera autour de trois questions :
    – Quelle posture adopter lors de la négociation des paramètres de recherche et de création avec un organisme d’accueil qui finance une partie de la recherche ?
    – Lorsque la multidisciplinarité de l’objet d’étude demande une codirection en psychopédagogie (hors facultaire), comment trouver l’adéquation entre les méthodologies de recherche-création et de recherche-action ?
    – En recherche-action, le triptyque sera considéré comme l’« action » du processus de recherche. En recherche-création, la saynète est reconnue comme la seule composante « création » du processus de recherche. Puis-je prétendre faire une thèse-création ?
  • Francine Tremblay
    La recherche au service de la création
    La recherche doit être mise au service de la création littéraire afin de soutenir l’écrivain dans la production de son œuvre. L’analyse des procédés d’écriture l’aiderait à comprendre les mécanismes de construction d’un texte. En ciblant certaines techniques utilisées par les auteurs dans leurs œuvres, la recherche-création fournirait un éventail de méthodes de travail pouvant être adaptées au processus de création littéraire. Cette analyse identifierait des outils de base qui seraient étoffés par une étude complémentaire des techniques dégagées, en considérant les options non encore explorées. L’écrivain pourrait ainsi développer de nouvelles pratiques lui permettant d’améliorer sa plume. Ma recherche sur « L’ambiguïté du personnage dans le roman policier » donne un exemple de ce que l’étude d’un procédé d’écriture peut apporter à l’écrivain.

Midi

3. Méthodes de recherche-création

  • Kateri Lemmens
    Création et méthode : quel sens et quelle « méthode » pour la recherche-création en milieu universitaire ?
    Mon intervention questionnera le sens de ce l’on appelle la recherche-création et son insertion dans un monde universitaire dont le financement est essentiellement dominé par des questions de méthode héritées des sciences naturelles. En interrogeant le sens des termes «recherche» et «création», dans la juxtaposition entre recherche et création, il s’agira d’abord de se demander quels types de rapports peuvent s’instituer entre la recherche et la création. On pourra ensuite interroger la compatibilité entre la «recherche» (en création) et l’exigence d’une «ouverture» (à ce qui advient) avec les exigences des organismes subventionnaires universitaires (où il semble que l’ avération méthodologique soit garante des savoirs dégagés) tout en soulevant une série de questionnements corollaires : les formes privilégiées, les collaborations (équipes de recherches, étudiants), etc.
  • Nicholas Belleau
    Notes sur la pensée sauvage
    Ce bref survol d’un vaste territoire historique et théorique comporte trois intentions principales. Premièrement, je voudrais replacer la problématique de la (recherche-)création en milieu universitaire à l’intérieur de l’environnement oppositionnel engendré par l’émergence des film studies et des cultural studies au sein du contexte académique états-unien de la seconde moitié du 20e siècle. Deuxièmement, il faudrait mettre en évidence comment la chose entre, elle-même, en relation avec le cadre philosophique général propre à la crise moderne de l’autorité et des significations. Troisièmement, il s’agirait de démontrer que, dans l’ensemble de ces circonstances, c’est la question de la légitimité des idées qui est en jeu.
  • Marie-Christiane Mathieu
    Développer une pratique de l’écart, travailler sur la limite
    L’art actuel est un champ de connaissances unique qui assemble fréquemment des éléments inconciliables afin de soulever des questions éthiques et esthétiques inscrites dans la vie en générale. L’essentiel de la recherche-création en art étant d’aller puiser à d’autres sources, de s’éloigner du fond de vérité ou du dogme afin de favoriser l’entrechoquement des connaissances, un phénomène qui selon une approche méthodologique interdisciplinaire devrait ouvrir sur de nouvelles possibilités de production. S’inspirant de ce que Michel de Certeau nommait la pratique de l’écart, cette approche invite celui qui s’y aventure sur des chemins insoupçonnés où volontairement il s’égare. La recherche-création en art suit inévitablement le déplacement fréquent du problème sur l’échiquier d’un système épistémologique ouvert afin que se heurtent dans le champs de la visibilité deux pratiques, une fondée sur la discipline et l’autre sur l’étonnement (Foucault).

Pause

4. Réalisations en recherche-création

  • Serge Lacasse
    Le processus de création phonographique en musique populaire : une pratique collaborative
    Le processus de création en musique populaire est à la fois particulier et peu étudié. Particulier pour au moins deux raisons. D’abord, le résultat de la démarche de création consiste le plus souvent en un phonogramme (enregistrement), lequel est ensuite fixé sur un support quelconque (CD) ou rendu accessible dans un format donné (mp3). La réalisation d’un tel enregistrement ne résulte donc pas seulement d’une activité de composition (musicale et souvent littéraire), mais aussi de tout un processus d’élaboration sonore en studio. Objet particulier, donc, parce que physique, contrairement à la seule composition, objet abstrait. Ensuite, ce processus de création phonographique en multiples étapes exige un enchaînement d’activités dont chacune comporte un haut degré de compétences spécialisées, tant artistiques que techniques : composition de la musique, confection des paroles, mais aussi arrangements, programmation MIDI, conception et synthèse sonore, exécution musicale, prise de son, montage, mixage et matriçage. On le voit, il s’agit presque toujours d’un processus hautement collaboratif, ce qui constitue la deuxième particularité de la pratique. Pas que la phonographie populaire soit l’unique pratique artistique exigeant une telle collaboration (le cinéma est un exemple éloquent d’une autre pratique distribuée), mais son fonctionnement est peut-être moins présents dans le discours universitaire. Particulier donc, mais aussi peu étudié. Cette communication sera l’occasion de résumer ce processus, tout en proposant quelques pistes pour une approche théorique à construire.
  • Christiane Lahaie
    Pour une géocritique de la nouvelle québécoise contemporaine : bilan d’un projet de recherche-création
    Le projet de recherche-création intitulé « La dynamique espace réel / espace textuel dans la nouvelle québécoise contemporaine» visait à convier 15 auteurs à écrire un texte narratif bref selon une contrainte thématico-spatiale donnée, à étudier leurs stratégies d’écriture dans des textes publiés au préalable et à mener une entrevue avec chacun d’entre eux. À la suite de ces travaux paraissait Ces mondes brefs. Pour une géocritique de la nouvelle québécoise contemporaine . Si ce projet a permis l’élaboration d’une approche hybride et novatrice de la recherche-création, il a tout de même rencontré quelques écueils dont nous aimerions rendre compte.

Pause

5. L’art comme savoir

  • Robert Faguy
    Les laboratoires expérimentaux comme démarche souvent obligée à la recherche-création de type multidisciplinaire
    Toute création implique obligatoirement une série d’expérimentations visant à renouveler une pratique ou du moins à accomplir une action inédite (différente donc de la répétition et de l’imitation). Mais qu’en est-il de la recherche-création ? Est-il possible de reproduire au sein d’un espace artistique une méthodologie associée à la recherche scientifique où se met en place un processus systématique d’investigations destinées à résoudre une problématique prédéfinie? Si, dans un contexte disciplinaire, il existe un ensemble de règles et de conventions à partir desquelles tout écart constitue un terrain fertile à l’expérimentation, la création artistique multidisciplinaire présuppose d’œuvrer en territoire inconnu dans une logique de réseau où se tissent des relations complexes entre des éléments possédant chacun un potentiel d’action spécifique. Dans cette perspective, la déclinaison des variables menant à un acte conscient de création est amplifiée et le recours à des laboratoires expérimentaux permet souvent de mesurer l’influence de celles-ci dans une production de type multidisciplinaire.
  • Richard Baillargeon
    Concilier l’inconciliable : l’expérience de la recherche et de la création en milieu universitaire dans la perspective d’une relation dynamique avec l’étudiant et son processus d’apprentissage
    Au sein de l’institution universitaire, on a encore du mal à mettre en parallèle la création et la recherche et d’établir entre les deux des liens forts, durables et harmonieux. Cette situation fait en sorte que plusieurs professeurs-créateurs ont des difficultés à convaincre que leur travail artistique puisse être considéré comme un authentique travail de recherche. Plus encore, cette incapacité à concilier l’inconciliable prive les étudiants d’un rapport privilégié au savoir. Or, ce manque de reconnaissance tarde à venir et cela en particulier des organismes qui ont pour mandat de subventionner la recherche universitaire. Dans cette communication et du point de vue de l’artiste en arts visuels, je tenterai d’esquisser ce que pourrait être un processus de recherche-création qui puisse véritablement inclure l’étudiant.
  • Alain Beaulieu
    Caractère particulier de la recherche en art : le cas des études supérieures en création littéraire
    Après avoir abordé les modalités particulières de la recherche que constitue l’écriture de l’œuvre de création (car il s’agit effectivement d’une recherche d’un ordre particulier), il importe de nous pencher sur le volet réflexif, dont la désignation même pose problème. Parlons-nous ici d’un essai, d’un essai critique, d’un dossier critique (UQAM), d’une réflexion, d’une étude… ?
    La grande question est celle-ci : sur quoi doit se poser le regard du chercheur quand il est aussi créateur pour que le mémoire ou la thèse forme un tout cohérent, chacune de ses parties nourrissant l’autre pour ainsi participer au développement de notre discipline ?
  • Jean-Noël Pontbriand
    Créer, c’est chercher… et même trouver
    Je voudrais parler de la spécificité de l’acte de création par rapport à ce qu’on appelle : La recherche. Je tenterai donc de préciser l’originalité de la recherche lorsqu’elle prend le visage de la création et, par voie de conséquence, de préciser la démarche particulière de celui qui s’inscrit à un mémoire ou à une thèse en création littéraire.