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Félicitations à la lauréate de la bourse d'excellence Denis Saint-Jacques (hiver 2016)

Le CRILCQ – site Université Laval félicite la lauréate du concours d’hiver 2016 de la Bourse d’excellence Denis Saint-Jacques.

  • Maud Lemieux, « Le narrateur-personnage inadéquat : marginalité et posture(s) narrative(s) dans La Trilogie coréenne d’Ook Chung et Un enfant à ma porte de Ying Chen » (mémoire sous la direction d’Andrée Mercier).

La concentration des écritures migrantes dans les années 1980 et 1990 a amené de nombreux changements dans le champ littéraire québécois, les œuvres de cette période donnant à voir notamment de nouvelles configurations du récit et de la narration. Bien que celles-ci aient été souvent étudiées en fonction de l’origine des auteurs et de certains enjeux thématiques (l’identité, l’exil, etc.), c’est à partir de deux récits dont la forme est foncièrement différente que Maud Lemieux souhaite étendre l’analyse de cette production aux récentes études en narratologie.
En développant des univers qui leur sont propres, Ying Chen et Ook Chung présentent des œuvres dont la forme du récit déstabilise. Que ce soit par une narration errante qui ne fournit pas de repères spatio-temporels sur lesquels s’appuyer (Un enfant à ma porte) ou bien par une narration s’égarant dans un univers cosmopolite en faisant des allers-retours dans le temps et l’espace (La Trilogie coréenne), ces deux romans inscrivent l’expérience de l’exil au centre de leur démarche esthétique, mais ils l’articulent à une problématisation de la voix et du récit. En cela ils rejoignent les questions actuelles relevant de la compétence et de l’autorité narrative, de la fiabilité narratoriale et de la fonction du récit dans le roman contemporain.
Comme l’explique Simon Harel, les écritures migrantes sont une littérature de périphérie, ce qui expliquerait pourquoi, selon lui, « la singularité esthétique de l’écriture migrante soit souvent ignorée, simon malmenée » (Les passages obligés de l’écriture migrante, 2005, p. 45). C’est en étudiant l’altérité de ces narrateurs-personnages ainsi que la position qu’ils prennent face au récit que Maud Lemieux souhaite montrer en quoi, d’une part, l’approche socioculturelle peut être complémentaire à l’approche narratologique. En fabriquant eux-mêmes leur posture marginale, ces ceux narrateurs contribuent à ébranler la validité de leur propos, ce qui, par le fait même, modifie la logique interne du récit, ainsi que les paradigmes de la quête identitaire dans le cas de La Trilogie coréenne. Qui plus est, cette posture évacue l’association biographique qui se fait souvent entre l’auteur migrant et son récit en valorisant une approche plus près du texte.