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Décès de Nicole Deschamps (membre honoraire CRILCQ)

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Nicole Deschamps, le 31 juillet 2023. Toutes nos sympathies à sa famille, ses ami·es et collègues.

Source de la photo : Gilles Gagné

La professeure Ginette Michaud (cochercheuse CRILCQ, Université de Montréal) lui rend hommage.

Hommage à Nicole Deschamps

Nicole Deschamps nous a quittés le 31 juillet 2023.

Après ses études littéraires à Montréal, Oslo et Paris, Nicole Deschamps a d’abord enseigné à l’Université McGill avant d’être recrutée par le directeur du département d’Études françaises René de Chantal qui souhaitait instituer l’enseignement de la littérature québécoise à l’Université de Montréal. Elle devient professeure de littérature française et québécoise au département d’Études françaises en 1963, obtient son agrégation en 1967 et sa titularisation en 1977. Sa thèse, soutenue à Paris, Sigrid Undset ou La morale de la passion, est rapidement publiée aux Presses de l’Université de Montréal en 1966 et lui vaut la même année le prix David. Grande amie des poètes (Gaston Miron, Paul-Marie Lapointe, tout particulièrement), elle a été à l’avant-garde des études québécoises dont elle fut une ambassadrice exceptionnelle tant au Québec qu’en Europe, comme en fait foi l’édition bilingue Brise-lames. Anthologie de la poésie moderne du Québec / Antemurale. Antologia della poesia moderna dal Québec, qu’elle a codirigée avec Jean-Yves Collette et fait paraître à Rome, chez Bulzoni, en 1990.

Ses recherches ont marqué le développement et la connaissance des lettres québécoises. En 1968, elle publie une édition de la correspondance de Louis Hémon, Lettres à sa famille (PUM ; rééd., Boréal express, 1980), coup d’envoi qui sera suivi de deux livres sur l’écrivain qui ont fait date : une édition critique, avec Ghislaine Legendre, de son œuvre maîtresse, Maria Chapdelaine. Récit du Canada français (Boréal, 1980 ; rééd., « Compact », 1991), accompagné d’un essai, coécrit avec Raymonde Héroux et Normand Villeneuve, Le mythe de Maria Chapdelaine (PUM, 1980 ; rééd., Boréal, 1988). Elle s’intéresse aussi à Réjean Ducharme, écrivain qu’elle enseigne avec passion : avec G.-André Vachon, elle codirigera en 1975 le numéro « Avez-vous relu Ducharme ? » de la revue Études françaises, où elle propose une lecture féministe remarquée de La Fille de Christophe Colomb. En 1990, elle coorganise deux cycles de conférences emblématiques de ses intérêts : La psychanalyse dans le texte et Lectures de Proust, qui feront l’objet d’un numéro de la revue Paragraphes. Ses recherches se concentrent dans les années 1990 sur l’écrivain Alain Grandbois : paraissent dans la collection « Bibliothèque du Nouveau Monde » des PUM, une édition critique, préparée avec Chantal Bouchard, d’Avant le chaos et autres nouvelles (1991 ; rééd., BQ, 1994) et, avec Stéphane Caillé, des Voyages de Marco Polo (2000) ; elle codirige également avec Jean Cléo Godin l’ouvrage collectif Livres et pays d’Alain Grandbois (Fides, 1995). En 1994, elle édite et préface les Lettres au cher fils. Correspondance d’Élisabeth Bégon avec son gendre (1748-1753) (Boréal Compact). Enfin, proustienne émérite, elle publie au cours des années 2000 de nombreux articles sur la Recherche et participe au Dictionnaire Marcel Proust, sous la direction d’Annick Bouillaguet (Honoré Champion, 2010), où elle signe une trentaine de textes. Mentionnons également ses prestations dans les émissions littéraires de Radio-Canada, aux côtés de Gilles Archambault, Jacques Brault, François Ricard et Wilfrid Lemoine, qui montrent toute l’étendue de sa culture, de Dante à Ducharme, sans oublier Rimbaud, Kerouac et Emily Dickinson.

Tout en menant de front son enseignement universitaire, Nicole Deschamps a aussi exercé la psychanalyse à Montréal. Membre fondatrice de la Société internationale de micropsychanalyse (SIM), elle a également été membre fondatrice de l’Institut suisse de micropsychanalyse et cosigne l’ouvrage collectif Micropsychanalyse (L’Esprit du temps, 2007).

Ginette Michaud