Le mardi 30 mars à 17h, B-421 de la faculté de musique (UdeM), Solenn Hellégouarch, étudiante au doctorat en Musicologie – Université de Montréal donnera une conférence organisée dans le cadre du cycle de conférences du Cercle de musicologie.
Il s’agit de sa toute première conférence donnée à la faculté et elle s’intéressera à un point particulier développé dans son mémoire qui porte sur le succès du chansonnier breton Théodore Botrel, en France et au Québec.
Résumé
La « bonne chanson » : Des « Vendredis classiques » au mouvement botrélien (1885-1907)
« Chantez la bonne chanson ! » Tel est l’appel de l’abbé Charles-Émile Gadbois en 1937 lorsqu’il crée, au Québec, son entreprise de La Bonne Chanson. Celle-ci tire son origine d’un mouvement de propagande créé en 1907 par le chansonnier breton Théodore Botrel (1868-1925). Celui-ci a déjà réalisé une première tournée canadienne en 1903 et diffuse ses idéaux dans une revue : La Bonne Chanson. Si les origines de l’œuvre de Gadbois sont connues, celles du mouvement botrélien sont plus obscures : d’où provient cette appellation de « bonne chanson », en amont de son adoption par Botrel ?
Dès la fin du XIXe siècle, la IIIe République entreprend un vaste mouvement moraliste destiné à contrecarrer la prolifération de l’écrit licencieux, défendre les bonnes mœurs et assainir la moralité populaire. La censure fait donc rage en ces temps républicains qui paradoxalement instaurent aussi de grandes libertés individuelles et collectives. La mauvaise littérature doit cependant disparaître. Dès 1836, la Bibliothèque nationale de France la consigne dans une réserve : « l’Enfer ».
La chanson n’échappe pas au réquisitoire. Music-halls, cabarets et cafés-concerts sont particulièrement visés. Ainsi blâme-t-on la chanson grivoise, obscène : le répertoire caf’conc’. Le gouvernement est aidé par le milieu chansonnier qui s’inquiète elle aussi de l’avenir de la chanson. Un important groupe de chansonniers brandit alors l’étendard de la « bonne chanson ». La préoccupation est telle qu’elle est l’objet d’un congrès organisé à l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Mais déjà en 1885, l’Éden-Concert organise ses « Vendredis classiques », soirées hebdomadaires dédiées à la « saine » chanson.
Des « Vendredis classiques » au mouvement botrélien, nous retracerons l’histoire de la « bonne chanson » à travers ses représentants et ses valeurs. Cette étude lèvera ainsi le voile sur la genèse d’un répertoire bien connu au Québec.