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Colloque étudiant « Images et controverses au Québec »

18 mars 2011
UQAM
Salle des Boiseries (J-2805)

Programme

9 h 00 Arrivée des participants (es)

  • 9 h 30 Mot de bienvenue

Première séance : Institution, pouvoir et individu

Présidé par Laurier Lacroix (professeur associé au département d’histoire de l’art, UQAM)

  • 9 h 45 Julie Anne GODIN LAVERDIÈRE (étudiante au doctorat en histoire de l’art, UQAM)
    Nudité, censure et espace public : le traitement médiatique des controverses entourant La famille (1949) et de La Paix (1951) de Robert Roussil

Après avoir déposé un mémoire de maîtrise sur la représentation de l’enfant, de la femme et du nu dans la peinture moderne de Prudence Heward, Lilias Torrance Newton et Jori Smith en janvier 2010, Julie Anne Godin Laverdière a entamé un doctorat en histoire de l’art à l’UQAM, en cotutelle avec York University de Toronto. Prenant Toronto et Montréal comme cas d’étude, sa thèse porte sur la censure et la controverse suscitée par l’exposition du nu dans l’art canadien, de 1880 à 1950. Si elle s’intéresse au traitement moderne des œuvres et du corps – souvent en cause lorsque sévit la censure – Julie Anne s’intéresse aussi aux acteurs de la controverse ainsi qu’aux discours sur la nudité présents dans la presse et dans les magazines québécois et ontariens de l’époque. Outre la représentation du corps dénudé dans l’espace public, Julie Anne s’intéresse aussi à la caricature et à la satire graphique et elle est membre du groupe CASGRAM depuis sa fondation en juin 2009 et elle est récipiendaire de la bourse du CRILCQ-UQAM 2010-2011.
Cette communication porte sur deux œuvres controversées, empreintes d’érotisme et de nudité, réalisées au milieu du XXe siècle par Robert Roussil (1925- ). La première sculpture, La famille, présente trois personnages, un père, une mère et leur enfant, complètement dénudés. Cette statue est installée par Roussil sur le terrain du Musée des beaux-arts, rue Sherbrooke à Montréal, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1949, et ce, sans l’accord de l’institution. La seconde, La Paix, met elle aussi en scène des corps nus et elle est exposée par Agnès Lefort devant sa galerie. Compte tenu de leur nudité dérangeante, qualifiée alors d’indécente, La famille et La Paix sont rapidement retirées de l’espace public : l’une est amenée au poste de police, l’autre est détruite par un citoyen mécontent. Bien qu’on ne puisse plus voir les deux œuvres, elles se retrouvent néanmoins au cœur de l’actualité, alors que les journalistes multiplient les articles concernant les deux statues, la liberté d’expression des artistes et la décence en art. Par ailleurs, des photographies parfois sensationnalistes de La famille et de La Paix, et des titres chocs accompagnent régulièrement les textes des journalistes. Enfin, trois procès touchant de près à ces deux événements sont grandement médiatisés. Tout d’abord, il y a celui du père sans-culotte, procès-spectacle mis sur pied par Roussil en février 1950 pour défendre sa famille. Ensuite, deux procès concernant La Paix sont intentés au printemps 1951, un premier par Roussil contre le citoyen responsable de la mutilation de l’œuvre, un second par la Ville de Montréal contre Agnès Lefort, accusée d’indécence et d’atteinte à la morale pour la présentation de la sculpture controversée à l’extérieur de sa galerie. On remarque, dès lors, que le traitement journalistique accordé aux œuvres et aux trois procès a une conséquence inverse de celle habituellement recherchée par la censure. Ainsi, dans le cas présent, si les deux œuvres sont rapidement censurées, les deux sculptures sont, paradoxalement, de nouveau propulsées dans la sphère publique par les nombreux articles et photographies parus dans les journaux montréalais.

  • 10 h 15 Geneviève LAFLEUR (étudiante au doctorat en histoire de l’art, UQAM)
    La manifestation étudiante à l’École des beaux-arts de Montréal en juin 1945 : les rôles de la Direction, de l’État et du clergé catholique

Geneviève Lafleur est étudiante au doctorat en histoire de l’art avec une concentration en études féministes à l’Université du Québec à Montréal. Son projet de thèse porte sur les lieux de diffusion artistique créés et gérés par des femmes au Québec durant les décennies 1940, 1950 et 1960. Elle y évalue le rôle de ces femmes dans la construction de la reconnaissance de la modernité dans les arts visuels, et tente de comprendre comment leur apport a été minimisé, voire ignoré, par l’histoire et la critique. Elle a participé à la direction de l’ouvrage Remous, ressacs et dérivations autour de la troisième vague féministe (Éditions du remue-ménage, 2011) et a également collaboré à la coordination de plusieurs colloques, publications ainsi que projets d’exposition. Elle est auteure pour la Galerie Art Mûr depuis 2007.La manifestation étudiante à l’École des beaux-arts de Montréal (ÉBAM) fait partie des événements qui ont influencé l’art québécois, notamment parce qu’elle a mené à la démission de Charles Maillard, son directeur à la vision esthétique à tout le moins sclérosante. Suite à cet événement, des propos de Maillard ont été rapportés dans la presse écrite, mettant le blâme sur un groupe restreint d’élèves de Pellan mécontents du décrochage de deux tableaux, ordonné par Maillard. Bien que ces élèves aient déclenché une manifestation revendiquant, entre autres, le départ de Maillard de l’ÉBAM, ce dernier n’est pas innocent dans ce conflit. Au contraire, son action est devenu le catalyseur de la rancœur étudiante qui a mené à cette manifestation. Mais encore, Maillard se serait servi du clergé catholique et l’État en les intégrant au conflit afin de valider son désir de procéder au décrochage desdits tableaux. Dans la première partie de cette communication, il sera question des événements ayant mené à la manifestation du 12 juin 1945 à travers l’analyse de la médiatisation de l’événement. La deuxième partie portera sur les rôles qu’ont joués Maillard, Mgr. Valois et J.-Eugène Bleau, secrétaire du député de Montréal et il sera démontré que la posture de Maillard à l’égard des étudiants de Pellan est fermée. Par l’analyse de la couverture critique de l’événement dans la presse écrite et par l’étude du phénomène de la censure, il sera possible de considérer cette manifestation comme une escalade événementielle provoquée, en quelque sorte, par Maillard lui-même.
10 h 45 Pause

  • 11 h 00 Alexandre TURGEON (étudiant au doctorat en histoire, Université Laval) 
    Savoir se passer du présent, savoir ce passé du futur. L’expérience du temps chez le caricaturiste Robert La Palme : le cas du 29 mai 1956

Alexandre Turgeon est candidat au doctorat en histoire à l’Université Laval sous la direction de Jocelyn Létourneau. Il poursuit ses recherches sur le rôle du caricaturiste Robert La Palme dans la conception et la diffusion du mythistoire de la Grande Noirceur au sein de la société québécoise. Il est l’auteur de nombreux articles, dont « Le petit cabinet de Maurice Duplessis du Québec selon Robert La Palme », dans l’ouvrage Duplessis, son milieu, son époque, publié aux Éditions du Septentrion, et « Les femmes et la politique chez le caricaturiste Robert La Palme, 1943-1951 », dans la Revue d’histoire de l’Amérique française.
À l’orée des élections générales du 20 juin, le quotidien Le Devoir se positionne, sans équivoque possible, contre Maurice Duplessis. Le 29 mai paraît un numéro spécial portant sur les élections à venir, dans lequel tous les collaborateurs du journal sont mis à contribution. Il s’agit d’une charge en règle contre le gouvernement duplessiste, où Le Devoir dresse un bilan assassin des « quinze années du régime Duplessis ». Parmi ces collaborateurs, Robert La Palme est fort sollicité : 13 de ses caricatures, la plupart inédites, ornent les pages du numéro. Deux de ces caricatures se taillent une place fort appréciable à la une, directement sous la manchette, donnant en quelque sorte le ton à suivre, à travers la figure de saint Georges terrassant le dragon. La première, intitulée « 1936 », voit un jeune Maurice Duplessis transpercer le dragon qu’est Louis-Alexandre Taschereau, alors premier ministre du Québec, lequel retient entre ses griffes la province de Québec, pauvre demoiselle en péril. Inversement des rôles dans la seconde, intitulée « 1956 », où Maurice Duplessis est désormais le dragon. Il n’est toutefois point menacé; au contraire, « un nouveau saint Georges [est] demandé ». À travers cette trame narrative, Robert La Palme met en scène avec finesse et habileté les liens étroits unissant le passé, le présent et l’avenir. Ce sont ces liens qui seront mis à jour, notamment en s’attardant à la manière dont le caricaturiste les articule et les conçoit. Dans cette communication, il sera démontré comment le discours de Robert La Palme s’articule en fonction d’une vision idéalisée du passé, sur laquelle il s’appuie pour projeter une vision idéalisée – elle aussi – du futur, et ce, en réaction à un présent fermé, sans issue, qu’il désavoue.
11 h 30-13 h 30 Dîner

Deuxième séance Architecture, espace collectif et art public

Présidé par Gilles Lapointe (professeur au département d’histoire de l’art, UQAM)

  • 13 h 15 Daniel FISET (étudiant à la maîtrise en histoire de l’art, Université de Montréal)
    Le réaménagement du square Viger : récit d’un projet controversé

Daniel Fiset est étudiant à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université de Montréal depuis 2010. Dans le cadre de ses recherches, il s’intéresse à la photographie contemporaine et à ses usages. Travaillant sur la photographie d’art québécoise, il s’intéresse aux notions de narrativité, de mise en scène de l’image et d’instantané, ainsi qu’aux relations à établir entre les codes de l’image artistique et ceux d’autres types d’images photographiques. Depuis 2008, il est auxiliaire de recherche pour le projet « Expressions urbaines et formes artistiques résistantes », dirigé par Mme Suzanne Paquet, professeure au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Ce projet de recherche, subventionné par le FQRSC, s’intéresse aux pratiques artistiques dans l’espace public et à leurs façons de générer des discours inédits appelant à reconsidérer les usages et les rôles de divers lieux. Par cette recherche, il a été amené à travailler sur la controverse entourant la construction du nouveau square Viger, au début des années 1980, et sur la résidence du centre d’artistes Dare-Dare sur le site, de 2004 à 2006.
Cette communication porte sur le réaménagement du square Viger, effectué dans les années 1970 par trois artistes visuels (Charles Daudelin, Claude Théberge et Peter Gnass). Ce projet, conçu à la fois comme une proposition artistique et un aménagement urbain, a été commandé aux artistes en 1976 par le ministère des Transports, suite à la destruction partielle de l’ancien square Viger par la construction de l’autoroute Ville-Marie. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1983, qu’on a pu enfin voir le nouveau square Viger, après un long travail de collaboration entre ingénieurs et artistes. Dès l’inauguration, le projet créé un tollé : les médias et les critiques d’art en soulignent les faiblesses et s’insurgent contre le fait qu’on y ait investi l’argent public. Éventuellement, la population évitera le site, laissé à l’abandon et partiellement détruit par la Ville de Montréal, qui s’en était pourtant vu confier la responsabilité. Le lieu est maintenant pratiquement désert, fréquenté surtout par les populations marginales de Montréal ; il est reconnu comme l’un des coins dangereux de la ville par le SPVM. Le réaménagement du square Viger demeure un bel exemple de l’intérêt des autorités pour l’intégration des arts dans la ville, d’un dialogue riche entre les arts visuels et l’urbanisme sur les possibilités d’un site. En revanche, il reste une preuve frappante du sort réservé aux œuvres lorsque personne ne peut assurer la médiation entre elles et le public. Il s’agira donc, d’une part, de faire la lumière sur le cas du square Viger et sur tous les acteurs impliqués (autorités municipales, artistes, compagnies affiliées au projet) afin de mieux comprendre la controverse qu’il a suscitée et, d’autre part, de faire état des démarches qui ont été entreprises afin de réhabiliter le site, engageant ainsi une réflexion sur la conservation d’un patrimoine artistique contemporain important, mais contesté.

  • 13 h 45 Caroline BEAUDOIN (étudiante à la maîtrise en histoire de l’art, Université Concordia)
    Jean-Paul Riopelle’s La Joute : snatched or rescued ?

Caroline Beaudoin graduated from Bishop’s University in 2009 with double honours in fine arts studio and art history ; received the University Prize in fine arts at convocation. She is currently a second year Concordia University Art History student pursuing a master’s degree ; recipient of CU Faculty of Fine Arts Fellowship Fellowship and J.A Bombardier SSHRC Master’s scholarship. Her current research interests include heritage concerns pertaining to architecture, visual and material culture, and cultural landscapes relative to themes and topics which address issues regarding democracy, global commodification, homogenization, regionalism and tourism.This artstory began when twelve Montreal radiologists championed the cause to locate a suitable site in order to showcase Jean-Paul Riopelle’s La Joute, a work they proudly promoted as part of Quebec’s national heritage. Riopelle’s sculpture was not a commissioned work, but rather an inspired oeuvre molded by hand at a friend’s Paris studio during the 1960s. The fountain has since become one of Quebec’s notoriously contested and controversial public art legacies. La Jouteformally became a public monument during Montreal’s 1976 international Olympic summer games. In 1992 art historian Harriet Senie contended that modern art and the subsequent emergence of abstract works initiated issues of elitism versus populism into public art, within a democratic arena (216). She observed "underlying many of these problems were stated and unstated expectations for both the sculptures and the sites" (217). Other inherent areas for conflict included considerations of the selection processes, questions of sitting, interpretations of modern sculpture, and public sculpture’s vulnerability to attack, either verbal or physical (217). I would add to that the financial and ethical burdens associated to the artwork’s maintenance, operation, and security, compounded by questions and issues of ownership. La Joute illustrates circumstances where and when an artwork’s interest to the public surpasses its architectural host’s utility or popularity, which ultimately led to its relocation. Once integrated into the Olympic park’s architectural landscape, the fountain was subsequently removed in 2003. After undergoing extensive restorative work, much needed due to sustained neglect and vandalism during the post-Olympic years, La Joute was relocated in June 2004 (Keable 78) to its current location known as le quartier international de Montréal (QIM). What can be said about a "commemorative monument’s" meaning when its legacy is adaptive rather than specific ? In temporal terms, what do shifts in cultural values and site specificity suggest about public arts’ scope and potential to represent a nation’s cultural identity ? Harriet Senie and Sally Webster hit the mark when they argued "since its inception, issues surrounding its appropriate placement, as well as funding, have made public art an object of controversy more often than consensus or celebration."

  • 14 h 15 Rachel Harris (étudiante au doctorat en histoire de l’art, Université Concordia)
    The Re-institutionalization of Church-as-image in Montreal’s urban landscape

Rachel Harris is in the first year of the doctoral program in art history at Concordia University. She was a SSHRC recipient for her M.A. project in art history at York University. Her Major Research Paper, titled "Mapping the multicoloured inukshuk in Canada’s multicultural landscape" addressed issues of cultural appropriation and nationalism concerning the southern simulacrum of the inukshuk. She has expanded her interests on cross-cultural communication and cultural property to the Cape Dorset graphic tradition in Nunavut. She is equally interested in the architectural spaces of aesthetic discourse in Montreal and Berlin.The 2011 plan to re-institutionalize the skeletal structure of the shuttered 19th century Erskine and American United Church into a new Canadian pavilion for the Montreal Museum of Fine Art (MMFA) reawakens questions of national identity in the institutionalization of the image of Quebec’s Canadian legacy. This paper offers a comparative analysis of the nationalized museological claim to the image and objects of Montreal’s Churches by placing the MMFA example in relation to its precedent in UQAM’s appropriation of St. Jacque Cathedral façade and sacristy objects for the Judith Jasmin pavilion. The two examples tie into the 20th century timeline of secularization in Quebec, which evokes the effects of Jansenism, ultra-montanism and Puritanism. I suspect that these radical isms haunt the fissured interrelationships between Church, State, Academic and Museological institutions in Canada.Within the first three quarters of the 20th century, St. Jacque’s cathedral was burnt to the ground for the second time and sold to UQAM in the 1970s, thus signifying a curious relationship between the diocese, the state and the university. In contrast, the re-institutionalization of the 19th century church extends into the 21st century and was bought by the museum after it was shuttered in 2004, supposedly due to low attendance rates. In order to place the Canadian and Judith Jasmin pavilions in relation to each other I will compare three spatial relationships a) the integration of Church architecture within the pavilion b) the relationship between the church objects that the buildings store to the institution of heritage in Quebec and c) the position of the buildings within Montreal’s urban landscape. The spatial relationship between the MMFA and UQAM, ultimately, signal a complex relationship of Quebec’s church traditions in an identity crisis that concerns the secularized image of the Church and its de-sanctified objects in Quebec.
14 h 45 Pause

mise en forme de la controverse : Débat, Polémique et Censure

  • 15 h 00 Table ronde présidée par Dominic Hardy (professeur au département d’histoire de l’art, UQAM) avec Dominique Garand (professeur au département d’études littéraires, UQAM), Pierre Hébert (professeur au département des lettres et communications, Université de Sherbrooke) et Jean-François Nadeau (historien, politologue et directeur des pages culturelles du Devoir).
  • 16 h 30 Mot de clôture