L’Annuaire théâtral. Revue québécoise d’études théâtrales
Dossier « Brigitte Haentjens : mouvances du texte et imaginaires féminins », sous la direction de Catherine Cyr, professeure au Département d’études littéraires de l’UQAM.
Date de tombée des propositions : 23 mai 2016
Date de tombée des articles : 23 septembre 2016
Les propositions d’article (250 mots) doivent être transmises à l’adresse électronique suivante : cyr.catherine@uqam.ca
descriptif
Figure majeure du théâtre contemporain, la metteure en scène Brigitte Haentjens poursuit, depuis plus de trente ans, une trajectoire marquée de rigueur, où le discours scénique n’a de cesse de se réinventer. Font saillie, dans ce parcours, deux aspects centraux que le présent dossier s’attachera à explorer : d’une part, un travail autour du texte et de ses mouvances, notamment dans le rapport au corps, et, d’autre part, une exploration continue et plurielle de l’identité féminine.
Les propositions soumises s’inscriront dans l’un de ces deux axes. Elles pourront aussi les faire s’entrecroiser.
AXE 1. MOUVANCES DU TEXTE
Le travail de Brigitte Haentjens participe d’une tendance actuelle du théâtre où, en parallèle à la déferlante postdramatique, s’actualise un certain retour au texte, notamment à travers la réinvention de la forme dramatique[1] ou l’affirmation d’un « théâtre de texte » où l’écrit se fait la matière première de la mise en scène. Ici, le texte n’est pas effacé mais se trouve doublé, à travers la mise en scène, « d’une autre écriture, celle des corps et des voix dans l’espace et le temps de la représentation »[2]. Au sein de cette tendance, la démarche de Brigitte Haentjens se révèle singulière. La metteure en scène, qui a fait résonner sur les scènes québécoises les mots de Duras, Dupré, Koltès et Müller, entre autres, opère en effet souvent sur le texte dramatique (mais aussi poétique et romanesque) différentes transformations – coupures, greffes, décentrements – qui font de la matière textuelle un matériau souple, fluctuant, et qui font de l’écriture scénique un véritable processus de réécriture. Chez elle, ce texte réécrit trouve sa forme et sa signification, notamment, à travers le tracé qui se déploie de l’écrit à l’incarnation, lorsque le corps en scène devient carrefour de significations, espace mobile à partir duquel interroger le réel et l’imaginaire. C’est autour de cette réflexion sur les mouvances du texte que s’articuleront les réflexions proposées dans ce premier axe.
AXE 2 – IMAGINAIRES DU FÉMININ
« J’haïs ça, être une femme ». Réplique inaugurale de la pièce Je ne sais plus qui je suis, le premier spectacle que Brigitte Haentjens signe, en 1998, sous la bannière de la compagnie Sibyllines, cet énoncé marque l’amorce de ce que la metteure en scène désigne comme son « cycle féminin »[3]. Au fil de son parcours, alternant formes chorales et spectacles solos, et visitant des territoires textuels aussi différents que ceux de Sylvia Plath, Ingebor Bachman, Virginia Woolf, Sophie Calle, Louise Dupré ou Sarah Kane, elle s’est attachée, à travers différentes postures énonciatives et esthétiques, à sonder la question de l’identité féminine. Celle-ci est inséparable, chez elle, de celle des verrous moraux et sociaux qui emprisonnent la femme et l’aliènent, parfois jusqu’à la folie – une dimension manifeste, en particulier, dans son exploration de l’imaginaire de la femme écrivain.[4] Les articles rattachés à ce deuxième axe aborderont des questions liées à ces imaginaires du féminin qui, chez Haentjens, apparaissent multiples.
SECTION « DOCUMENTS »
Cette section comporte des contributions présentant une forme plus libre – entretiens, essais, esquisses, notes de création. Vos propositions peuvent s’y rattacher.
Enfin, n’hésitez pas à nous faire parvenir des propositions d’articles portant sur Brigitte Haentjens mais dont le sujet se trouve éloigné ou en périphérie des deux axes proposés. Nous les prendrons également en compte.
PROTOCOLE DE RÉDACTION
Vous pouvez consulter ici le protocole de rédaction.
L’Annuaire théâtral est une revue savante qui pense le théâtre sous de nouveaux éclairages et privilégie l’histoire contemporaine tout en la contextualisant à la lumière des grandes traditions scéniques et dramaturgiques. Chacun des deux numéros annuels d’environ 190 pages comporte un dossier principal ainsi qu’une section consacrée à des études variées. Des notes de lecture sur des parutions récentes (monographies et périodiques spécialisés) complètent le sommaire.
L’Annuaire théâtral est membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) et de l’Association canadienne des revues savantes (ACRS).
[1] Voir Sarrazac, J.-P. et C. Naugrette (Dir.). (2007). « La réinvention du drame (sous l’influence de la scène) ». Études théâtrales, 38-39, Louvain-la-Neuve : Centre d’études théâtrales, Université catholique de Louvain / Institut d’Études théâtrales, Université Paris III.
[2] Biet, C. et C. Triau (2006). Qu’est-ce que le théâtre ? Paris : Gallimard, coll. Folio, p. 658.
[3] Voir Haentjens, B. (2014). Un regard qui te fracasse. Propos sur le théâtre et la mise en scène. Montréal : Éditions du Boréal.
[4] Voir Guay, H. (2011). « Pourquoi l’auteure est devenue folle ? Trois portraits d’écrivaines signés Brigitte Haentjens ». Jeu, 140, p. 100-107.