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Journée d'étude
Appel de communication
Université Laval

Appel : Journée d'étude « La claque. Violence et résilience en littérature québécoise contemporaine »

Le jeudi 5 mai 2016
Université York, campus Glendon
Journée d’étude organisée par
Marie-Andrée Bergeron (U. of Calgary)
Anne Caumartin (Collège militaire royal de Saint-Jean)
Marie-Hélène Larochelle (York University)
Cette journée d’étude entend explorer les traces de la violence et de la résilience dans la production littéraire récente au Québec. En ces temps de violence sourde qui ont amené l’actualité à commenter le sort des réfugiés, des femmes autochtones et de différentes victimes largement médiatisées, quels modèles de résilience la littérature contemporaine québécoise offre-t-elle? Quelle suite est pensable pour les violent(é)s? Quelles réponses offre la littérature à la vulnérabilité ? À l’origine de cette réflexion se trouve l’hypothèse selon laquelle les discours sur l’éthique (le care) s’appuient sur une présence diffuse de la violence dans la fiction contemporaine. Il nous apparaît que l’exploitation du thème de la violence dans la fiction, une fois éclairée par les théories du care, révèle par conséquent un état du discours littéraire contemporain qui tend à redéfinir l’identité, la parole et les actions des actant.es.
Après les années 1990 qui ont entretenu un intérêt pour les écritures apocalyptiques et la pensée de la fin, les cultural studies ont placé au premier plan une préoccupation pour l’éthique (care) qui renouvèle les considérations philosophiques de la responsabilité et de l’à-venir par le biais de la résilience, de l’empathie et de la compassion, comme si la fin appelait une réponse, une réaction qui serait une forme nouvelle de l’engagement. À la lumière de ces travaux, il s’agira de combiner maintenant les expertises des chercheur.es afin de comprendre comment se révèle, par ses modes rhétoriques et thématiques, cette forme d’engagement peut-être plus personnelle, plus intime. Les chercheur.es sont invité.es à se pencher sur les voies de "dégagement" que propose la littérature québécoise afin de comprendre l’"être-au-monde" et la politique qui se profilent dans les œuvres littéraires aujourd’hui.
Se donnant en partage, la littérature évite-t-elle que la violence ait le dernier mot ? Le spectacle de la violence nourrit-il une catharsis ou au contraire participe-t-il d’une perversion ? La littérature se donne-t-elle un devoir d’intransigeance à l’égard de la violence ?
Les propositions de communication d’environ 300 mots doivent être soumises avant le 15 février 2016 à Marie-Hélène Larochelle à l’adresse suivante : mlarochelle@glendon.yorku.ca 
Les sujets suivants pourront nourrir une réflexion préliminaire, sans la limiter :

  • la visée de l’acte de violence
  • les postures de l’agresseur.e et de la victime
  •  les modes de résilience
  •  les théories du care
  •  le care comme acte involontaire
  • le care : affiliation et/ou résistance à l’abnégation, au genre social et à sa performance
  • les perspectives féministes, philosophiques (éthiques), politiques en lien avec le littéraire

Quelques références :

Bubeck, Diemut Elisabet, Care, Gender, and Justice, Oxford, Clarendon Press, 1995.
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