Karim Larose (CRILCQ, Université de Montréal) et Frédéric Rondeau (University of Maine) organisent le colloque Scènes du poème au Québec. De la Nuit de la poésie à aujourd’hui, qui aura lieu du 20 au 21 février 2020 à l’Université de Montréal.
Appel de communications
Le 27 mars 1970 se tenait la première Nuit de la poésie au Gèsu à Montréal. Organisée et filmée par Jean-Claude Labrecque et Jean-Pierre Masse, celle-ci est devenue, au fil des ans, la manifestation emblématique d’un certain momentum littéraire et culturel au Québec, à la croisée de deux décennies clés, les années 1960 et 1970. Ce colloque sera l’occasion d’en souligner le 50e anniversaire et d’en renouveler la lecture, mais aussi de réfléchir, en amont et en aval, aux événements poétiques de nature similaire qui proposent d’autres types de mises en scène du poétique au Québec. Récitals, rencontres littéraires, micros ouverts, festivals, happenings, spectacles, poésie dans la cité : quelles conceptions du poème se retrouvent dans ces lieux multiples, trop rarement étudiés comme des objets à part entière ? Quels dissensus les distinguent ? Quels impératifs critiques et esthétiques y sont lisibles ?
Le motif de la « fête » du poème, souvent évoqué à leur sujet, ne doit pas en effet masquer la diversité des approches et des choix et les histoires singulières, souvent antagonistes, liées à l’organisation concrète de tels événements. Le Solstice de la poésie québécoise (1976), par exemple, n’est pas le Festival de poésie de Montréal, qui n’est pas non plus un spectacle des Productions Rhizome. Quelles formes du poème sont induites dans chacune de ces instances ? Comment décrire les codes – anciens et nouveaux – de la lecture de poèmes sur la place publique ? Quel discours sur le littéraire les accompagne ? Quels sont les présupposés qui donnent sens à l’organisation de spectacles de poésie ? Comment réfléchir – sur le mode critique – aux notions de transparence, d’authenticité, de vérité et de sincérité qui sont souvent mises de l’avant lors de tels événements ? Quels récits du passé et du présent proposent-ils ?
Ces questions importent dans la mesure où les espaces médiatiques par lesquels le poème est convoyé informent notre mémoire du littéraire. Si le livre est le support classique du poème, il est manifeste que, du genre poétique, le grand public ne retient souvent que ses manifestations plus mondaines, sur lesquelles – pour cette raison – il est urgent de se pencher davantage. Concrètement, ce colloque s’intéressera :
- à la mise en récit de l’expressivité de ces événements, aux discours et aux formes qu’ils génèrent ;
- à l’élaboration des spectacles, à leur scénographie, à leur organisation, au choix des poèmes lus, à l’ordre de présentation des poètes, à la façon dont ceux-ci se présentent sur scène et défendent une certaine idée de la poésie ;
- aux enregistrements, documentaires, émissions, archives mettant en scène la poésie ;
- à l’image, la représentation, le montage, le traitement et la pose de la voix et à ce qu’ils nous disent de la poésie.
De nombreux documents audiovisuels sont d’ores et déjà accessibles au CRILCQ et sur le site du Centre d’archives Gaston-Miron afin de permettre aux participants.tes au colloque d’accéder à des archives inédites, dont beaucoup portent sur la poésie : https://cagm.umontreal.ca/ . D’autres seront ajoutés au cours des prochains mois, notamment des documents relatifs à la Nuit de la poésie (1970), au Solstice de la poésie québécoise (1976) et à la série de spectacles Poèmes et chants de la résistance (1968-1969).
Nous attendons vos propositions de communication de 200 mots jusqu’au 31 août 2019 à
l’adresse suivante : frederic.rondeau@maine.edu.