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Appel : Colloque « Espaces de la chanson contemporaine. Cartographie d’un genre en mutation » (Aix-Marseille)

Projet « Les ondes du monde »
Première biennale d’études sur la chanson
20-26 Septembre 2017
Université d’Aix Marseille – MUCEM 
Avec la collaboration de : Arcades – Conservatoire de Musique d’Aix, 
Universités de Lille, Valenciennes, Amiens – Musée du Louvre-Lens
 
Espaces de la chanson contemporaine
Cartographie d’un genre en mutation

APPEL À COMMUNICATION 

Comité scientifique :

  • Perle Abbrugiati, PR, études italiennes, Aix Marseille (AMU)
  • Bruno Blanckeman, PR, littérature contemporaine, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
  • Louis-Jean Calvet, PR, sociolinguistique, Aix Marseille (AMU)
  • Stéphane Chaudier, PR, littérature contemporaine, Lille 3
  • Joëlle Deniot, PR, sociologie, Nantes
  • Franco Fabbri, PR, musicologie, Turin (Italie)
  • Gerhild Fuchs, MCF, cantologie / études romanes, Innsbruck (Autriche)
  • Stéphane Hirschi, PR, cantologie, Valenciennes
  • Fernand Hoerner, PR, musicologie, Düsseldorf (Allemagne)
  • Jean-Marie Jacono, MCF, musicologie, Aix Marseille (AMU)
  • Joël July, MCF, langue française et stylistique, Aix Marseille (AMU)
  • Barbara Lebrun, MCF, études francophones, Manchester (Royaume-Uni)
  • Andrea Oberhuber, PR, littérature française, Montréal (Canada)
  • Pascal Pistone, MCF, musicologie, Bordeaux-Montaigne
  • Cécile Prévost-Thomas, MCF, sociologie, Sorbonne Nouvelle-Paris 3
  • Céline Pruvost, MCF, études italiennes, Amiens (Université-Picardie-Jules-Verne)

Le réseau de recherche international fondé à AMU en 2015 et intitulé « Chanson. Les ondes du monde » tiendra en 2017 deux colloques jumeaux dans le sud et dans le nord de la France autour du sujet « Espaces de la chanson contemporaine. Cartographie d’un genre en mutation ». Ces colloques sont fondateurs d’une biennale d’étude de la chanson que nous souhaitons pérenniser. Les universités d’Aix-Marseille d’une part et de Lille/Valenciennes/Amiens d’autre part espèrent pouvoir compter pour cette première occurrence de la biennale sur la collaboration de deux musées de rayonnement national, le MUCEM pour AMU (participation acquise), et le Louvre-Lens pour le “pôle Nord” du réseau (négociation en cours). Le colloque AMU a pour autre partenaire le Conservatoire Darius Milhaud. De nombreuses universités partenaires s’associent au projet, en France et en Europe, comme en témoigne le comité scientifique.
Il est toujours délicat de déterminer un palier à partir duquel un genre se transforme en profondeur. D’une part parce qu’en art tout préexiste avant d’exister ; d’autre part parce que certains genres comme la chanson intègrent un nombre de composantes si distinctes (structures linguistiques et poétiques, thématiques sociales de tous ordres, mais aussi et peut-être surtout style musical, phrasé, mode de performance, support d’écoute, structures économiques de l’industrie chansonnière et conditions du vedettariat, etc.) qu’il est peu probable que toutes subissent une variation notable au même moment. Il faudra donc rester sinon modeste du moins prudent, et chercher des faisceaux d’indices, des convergences, sans s’interdire de décrire les disparités et les contradictions, pour répondre à ces questions apparemment si simples et cependant redoutablement légitimes : la chanson contemporaine, c’est quoi exactement ? Ça commence quand et ça se définit comment ?
La chanson, disiez-vous ? Mais laquelle ? La chanson française ? Italienne ? Le rap ? La chanson plus largement inspirée d’un modèle latino-méditerranéen ? (Existe-t-il au singulier, ce modèle ?) La chanson inspirée de styles musicaux anglo-saxons ? La chanson hybride, traduite, adaptée, written en français and English (pour s’en tenir à ces deux langues) ? La World Music ? Comment distinguer la fine pointe de la contemporanéité de cette frange élargie du temps où l’on voit la chanson se détourner de codes ou modèles anciens, classiques, datés, repérables et stigmatisés comme tels, avant d’être parfois redécouverts et aimés comme tels ?
En 1998, déjà Pierre Dumont s’appuyait sur les articles de Louis-Jean Calvet parus dans la revue Le Français dans le monde pour identifier les domaines qui se renouvelaient à partir de 1980 (Le Français par la chanson, L’Harmattan, 1998, p. 22-42). En 2012, dans la revue FiXXion, n° 5, dirigée par Sabine Loucif et Bruno Blanckeman (http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/issue/view/14), deux articles de synthèse dressaient le panorama de la chanson en insistant sur ce (et celles et ceux) qui devrai(en)t compter. Joël July signe “Chanson française contemporaine : état des lieux communs” qui poursuit sa réflexion amorcée dans Esthétique de la chanson française contemporaine (L’Harmattan, 2007) ; Stéphane Hirschi signe quant à lui “Esthétique de la chanson française depuis 1980” que poursuit son ouvrage La Chanson française depuis 1980 – De Goldman à Stromae, entre vinyle et MP3(« Cantologie 8 », Les Belles Lettres, PUV, 2016). Or les découpages qu’ils proposent et leurs justifications vont dans le même sens : à une modernité qui prendrait corps autour des années 80 (génération “Chorus” pour Stéphane Hirschi) succède une contemporanéité assez protéiforme depuis le XXIe siècle (“génération sans boussole ?” se demande Stéphane Hirschi) malgré certaines marques stylistiques récurrentes comme le jeu et la distanciation (cf. July, Deniot).
On peut cependant et on doit aller encore plus loin : d’une part, parce que si la perspective d’une poétique comparée des chansons contemporaines dans l’aire romane est pertinente, elle impose de ne pas s’en tenir à la branche strictement hexagonale de la chanson ; d’autre part, parce que des critères précis sont indispensables pour mieux appréhender les mouvements variés qui opèrent dans le contemporain de la chanson et lui donnent forme ; ainsi appréhendée, la contemporanéité de la chanson se distinguera du simple aujourd’hui de la chanson, c’est-à-dire de l’ensemble des productions ou événements ou modes éphémères jalonnant l’année en cours. Tel est l’enjeu de ce colloque ambitieux : mettre en œuvre (à nos risques et périls) la cartographie d’un genre en mutation. A la suite d’un colloque organisé à Aix-en-Provence en 2014 (Chanson, du collectif à l’intime, sous la direction de J. July, collection « Chants-Sons », n°1, PUP, sept. 2016), un réseau de chercheurs s’est constitué sous la bannière d’une expression fédératrice : la chanson fait entendre « les ondes du monde », pensons-nous. Non seulement la chanson absorbe les ondes que le monde social lui envoie et contribue en retour à façonner ce monde avec lequel elle interagit, mais encore, elle se diffuse largement, se mondialise : les ondes franchissent et brouillent en partie les frontières nationales, linguistiques, culturelles ; si elles émettent parfois des messages à vocation très identitaire, elles peuvent aussi se révéler très migrantes ; nul ne doute que ce jeu d’oscillation entre territorialisation et déterritorialisation sera l’un des enjeux majeurs du colloque.
Cette première biennale décrira donc les nouveaux espaces de la chanson, un genre en pleine métamorphose.

Dates :

SITES D’AIX-MARSEILLE : 20-22 SEPTEMBRE 2017
SITES DE LILLE-VALENCIENNES : 25-26 SEPTEMBRE 2017

JOUR 1, mercredi 20/09 (p.m.) : Première session à Aix-Schuman/Maison de la Recherche : 
Des frontières qui bougent
Contours mouvants d’un genre

Après la disparition des grands précurseurs du genre (Leclerc, De André, Brassens, Brel, Ferré), les contours de la chanson moderne (déjà plus incertains chez Barbara, Nougaro, Gainsbourg, Salvador) se dessinent en franges. Sous le règne et le succès public des ACI, la distinction entre chanson poétique et chanson de variété devient caduque. Outre cette permanence de la chanson à textes (Nouvelle Chanson française de Souchon-Cabrel-Renaud puis Nouvelle Scène française de Delerm-Bénabar-Camille, nouveaux cantautori italiens, etc.), il existe bel et bien une porosité avec d’autres genres musicaux existants (jazz, rock) ou nouvellement affirmés dans les années 90 (rap) mais aussi un popularisme qui assume l’art chansonnier et se démarque de toute poéticité exhibée et envahissante. La distinction entre chanson et genres pop se floute.

JOUR 2, jeudi 21/09 (a.m.) : Deuxième session au MUCEM : 
La chanson à travers les frontières, en Méditerranée et au-delà
Influences et mondialisation

Les influences musicales (anglo-saxonne mais aussi en provenance des musiques du monde) ne peuvent pas être seulement mises sur le compte de phénomènes de mode, de folklorisme ou d’intérêts commerciaux. Elles dénotent un intérêt des auditeurs pour le métissage et le tressage des cultures, pour l’ailleurs. Les traductions des textes des figures fondatrices (deuxième génération de traducteurs/adaptateurs qui en tirent l’héritage) montrent de la même manière le profit que la chanson peut faire de sa possibilité de traverser les frontières sans visa. Or dans le même temps, les reprises courantes de tubes antérieurs prouvent la capacité de la chanson à témoigner d’un “Ici / autrefois”. À quel degré la chanson contemporaine enregistre-t-elle la mondialisation (chanson patrimonialisée vschanson mondialisée, chanson progressiste vs chanson nostalgique) ?

JOUR 2, jeudi 21/09 (p.m.) : Présentation des fonds du MUCEM qui concernent la chanson.
JOUR 2 (p.m.) Troisième session au MUCEM : 
Le monde et la chanson
La chanson et l’espace d’aujourd’hui, Marseille et autres métropoles

Dans ces espaces politiques en perpétuelle transformation depuis la chute du mur de Berlin ou depuis l’intrigante mondia-globalisation qui se fait sous nos yeux, s’affirme la nouvelle géographie humaine de la chanson. Comment la décrire ? Comment l’expliquer ? À quoi ressemblent nos imaginaires du Sud et du Nord ? Que reste-t-il du clivage est-ouest en chanson ? Comment le thème des migrations y est-il traité ? La chanson est-elle un moyen d’affirmer une nouvelle identité ? On s’intéressera en particulier aux espaces-carrefours, que Marseille représente bien, et à leur projection en chanson.

JOUR 3, vend. 22/09 (a.m.) : Quatrième session à Aix-Schuman/Maison de la Recherche : 
La chanson et le monde
L’espace social de la chanson

Puisque la chanson est un genre populaire, elle est naturellement un art sociétal et invente, parfois à son insu, de nouvelles histoires contemporaines, de nouveaux personnages, de nouveaux rapports sociaux dans un monde qui évolue politiquement, économiquement, moralement. La chanson décrit (de façon ludique ou plus sérieuse) mais aussi interroge (de manière plus critique) la société dont elle est partie prenante : rapports intimes et familiaux ; rapports socio-économiques ; dominations, frustrations, aspirations, etc. Consent-elle ou résiste-t-elle à un monde présenté comme pacifié et unanimement libéral ? Tout en se gardant de la naïveté qui consiste à déduire d’une bonne intention affichée une qualité ou une originalité esthétiques, on ne s’interdira pas de se demander quel regard (acerbe ou complaisant) la chanson porte sur le monde.

JOUR 4, lundi 25/09 (p.m.) : Cinquième session à Lille-Valenciennes-Amiens/Louvre-Lens : 
Les nouveaux territoires de la chanson
Nouveaux réseaux et nouvelles technologies 

Dans la médiasphère, du clip à internet, les nouveaux moyens de diffusion de la chanson sont une révolution et si elle ne circule plus, sonore, dans nos rues, on a pourtant l’impression paradoxale que tout le monde vit de plus en plus avec elle au quotidien. Que modifie chez les récepteurs la transformation du support acousmatique (Vinyle / CD / MP3) ? Quels autres impacts produisent les bouleversements technologiques, en matière de création surtout ? Que nous disent les nouvelles émissions consacrées à la chanson (Nouvelle star et autres télé-crochets vs des émissions qui utilisent la chanson comme indicateurs de l’histoire sociale) ? Quelles modifications ont subi les lieux de diffusion : les grandes salles, les festivals ? 

JOUR 5, mardi 26/09 : Sixième session à Lille-Valenciennes-Amiens/Louvre-Lens :
Les nouveaux langages de la chanson
Stylistique des textes et des mélodies

Verlan, sigles et abréviations, name-dropping, expressions idiomatiques, syntaxe disloquée, parataxe, discours rapportés et clichés, néologismes et xénismes, langues mêlées : en quoi et pourquoi la langue de la chanson se transforme-t-elle ? Se prosaïse-t-elle au moment où les jeux sur la récurrence phonique n’ont jamais été si exploités ? De la même manière, sous l’influence peut-être du talk overgainsbourien, le phrasé du slam investit la chanson pour laisser entendre des espaces où la voix simplement mélodiée se pose à côté du mouvement rythmique : faut-il y voir une constante de la chanson actuelle ? un devenir ? 
Date limite de réception des projets : 30 octobre 2016 avec décision et programme définitif en décembre 2016 
Prière d’envoyer votre proposition (une page) aux deux adresses suivantes en précisant impérativement son titre et la session où vous souhaiteriez qu’elle s’inscrive, en joignant une courte notice bio-bibliographique pour vous présenter :