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Appel : Colloque « En bref: que dire avec peu ? »

Colloque « En bref : que dire avec peu ? »
Date limite : 17 juin 2016 
Colloque des jeunes chercheurs organisé par l’Association des étudiants des cycles supérieurs (AECS) du Département de français de l’Université d’Ottawa 
Le colloque se tiendra à l’Université d’Ottawa les 29 et 30 septembre 2016. 
Dans le cadre de ce colloque, nous souhaitons nous pencher sur les enjeux liés à la question de la longueur dans les oeuvres et dans les discours. Plus précisément, la problématique au coeur de cette démarche s’interroge sur la multiplication récente des formes brèves dans les discours et les oeuvres. Que ce soit les fabliaux du Moyen Âge, le feuilleton ou les aphorismes, les formes brèves ont toujours occupé une place importante en littérature. Certains estiment cependant qu’elles seraient plus dominantes que jamais et que la forme longue serait menacée à la fois par les nouvelles technologies, les nouveaux supports et un certain déficit d’attention qui serait l’apanage de l’époque. Les différents discours rivalisent d’ingéniosité pour synthétiser leur propos au quotidien. Que ce soit les 140 caractères d’un tweet ou les deux minutes d’un sketch ou d’une chanson, toutes les méthodes sont bonnes pour capter l’attention d’un public qui semble facilement distrait. La synthèse du contenu, ainsi que sa densité, semblent être des pistes de solution de plus en plus exploitées pour contenter un public à la fois varié et exigeant dont il faut absolument susciter l’intérêt dès les premières secondes de lecture ou de visionnement. Ainsi, cette diversification des intérêts du public semble prédisposer à l’utilisation de formes de plus en plus brèves qui permettent de produire beaucoup plus rapidement un contenu varié et susceptible de plaire. 
D’une part, l’utilisation constante des formes contemporaines de la brièveté tend à mettre en place une éthique de moins en moins implicite, surtout dans le cas des médias sociaux. La condensation du message devient ainsi un enjeu de taille dans la mesure où il faut savoir transmettre un message percutant, qui saura se passer de longues explications. En cela le « timing » et la mise en scène deviennent essentiels puisqu’ils jouent un grand rôle dans le rayonnement du message. Ainsi, savoir quand s’exprimer et quand se taire, relève finalement d’un système extrêmement complexe de conventions non écrites. Plus qu’un simple moyen de communication ou une esthétique, la brièveté devient, au 21e siècle, un art de vivre, sans lequel il apparaît justement impossible de « survivre » à la perte d’attention du public. D’autre part, comment expliquer les succès commerciaux de séries romanesques au long cours? On observe également un phénomène similaire depuis quelques années à la télévision, particulièrement aux États-Unis, où le déplacement de la valeur critique et populaire du cinéma migre vers les séries télévisées. Alors que théâtre et cinéma ont longtemps été prisés des comédiens et des maisons de productions, le petit écran, lui, semble bénéficier récemment d’un engouement nouveau. Encore ici, la question de la diversification des publics se pose comme une explication possible. Le développement de plateformes permettant de consommer en continu du contenu télévisuel varié contribue grandement à ce phénomène d’« écoute en série », lequel s’apparente grandement aux formes longues. Par ailleurs, cette popularité de la forme télévisuelle est extrêmement paradoxale compte tenu des exigences de réception en croissance constante. 
Au plan théorique, ces questionnements ont été abordés par plusieurs ouvrages dans les derniers mois. Par exemple, Gérard Dessons (2015) interroge la confusion entre le bref et le court et Judith Schlanger (2016) s’intéresse au rapport entre la densité de l’oeuvre et l’attention du lecteur. À ces questions liées à l’économie du discours bref, s’ajoutent également celles portant sur l’utilisation du fragment. On pense notamment au titre Fragments d’un discours repris par Brigitte Rémer (2002), Marc Jimenez (2014), Emmanuel Bouju (2015) et combien d’autres encore dans le sillage des fragments amoureux de Roland Barthes (1977). Comment ces problématiques s’expriment-elles en littérature, mais aussi au cinéma, en communication, au théâtre, en arts visuels ou dans d’autres disciplines? Quel impact les nouvelles technologies ont-elles sur les formes des oeuvres et comment cette cohabitation entre formes brèves et formes longues s’exprime à divers moments de l’histoire ? 
Nous proposons différentes pistes de recherche pour éclairer ce thème : 

  • L’omniprésence des formes brèves dans la culture contemporaine est-elle causée par l’époque et ses contraintes, par l’urgence de dire, l’impact des nouvelles technologies, la réaction à un certain catastrophisme ambiant ? 
  • A-t-on raison de croire que la brièveté est une préoccupation plus actuelle et est-ce qu’elle ne touche que des formes, des genres, des thèmes particuliers, et si oui lesquels ? 
  • Existe-t-il dans les oeuvres artistiques certains moments et certains lieux « d’épiphanie » qu’on peut qualifier de « brefs » parce qu’ils sont particulièrement denses, concentrés ? 
  • La création qui se développe grâce aux nouvelles plateformes technologiques (blogues, twittérature, création hypertextuelle, etc.) nous apprend-t-elle quelque chose sur la longueur ? 
  • Comment penser les relations entre le fragment et l’histoire, entre la petite histoire et la grande, entre le discontinu et le continu ? 
  • Est-il juste d’associer certains thèmes avec leur mesure correspondante (le grivois et le court, l’épique et le long, etc.) ? 
  • La forme longue a-t-elle disparu ou cherche-t-elle à se réinventer ? 

Le comité organisateur du colloque des jeunes chercheurs de l’AECS, composé de Véronique Arseneau, Geneviève Bouchard, Camylle Gauthier-Trépanier et Catherine Voyer-Léger, accompagnées de Nelson Charest (professeur au Département de français de l’Université d’Ottawa), souhaite recevoir des propositions de communication qui se penchent sur une ou plusieurs de ces questions liées à la brièveté, et ce peu importe la période historique ou la forme représentée. Ce colloque a pour but de promouvoir les travaux de jeunes chercheurs (maîtrise, doctorat, postdoctorat). Aucun frais d’inscription ne sera demandé. Par contre, veuillez noter que nous ne nous acquitterons pas des frais de transport et d’hébergement. 
Vous êtes invité(e) à soumettre par courriel, au plus tard le 17 juin 2016, une proposition de communication (250 mots) en français accompagnée d’une notice biographique incluant votre université d’attache et une liste de vos publications les plus récentes. Afin que la sélection soit la plus objective possible, prière de ne pas mettre votre nom directement dans la proposition, mais de l’inclure dans la notice biographique. Veuillez faire parvenir votre résumé (ou toute demande d’information) à l’adresse suivante : cgaut020@uottawa.ca

Responsable

Association étudiante des cycles supérieurs du Département de français de l’Université d’Ottawa. 

Adresse

Université d’Ottawa, Département de français, Pavillon Simard, 60 Université, Pièce 202, Ottawa (Ontario), Canada, K1N 6N5