Activités

Conférence « Poétique du territoire et autothéorie dans la littérature innue du Québec »

Dans le cadre du cycle de conférences « Lectures écopoétiques des littératures autochtones du Québec » organisé par Diana Mistreanu (boursière Jean-Cléo-Godin CRILCQ-AIEQ 2024-2025, Université de Passau) et Marie-Ève Bradette (cochercheuse CRILCQ, Université Laval), Elena Goldhofer (Université de Passau) donnera la conférence « Poétique du territoire et autothéorie dans la littérature innue du Québec ». La séance sera animée par Ana Kancepolsky Teichmann (membre étudiante CRILCQ, Université Laval) et se déroulera se déroulera le 10 juin 2025, dès 11h (Québec) / 17h (Allemagne), en ligne (Zoom).

Accéder à la réunion Zoom (code secret 474066).

Résumé

La question du territoire est centrale dans les enjeux politiques au Canada. Qui possède un terrain, et quels droits cela lui confère-t-il? En s’appuyant sur l’écopoétique et l’autothéorie (Fournier 2021) pour analyser les liens entre territoire et identité, cette conférence explore la façon dont la littérature innue du Québec (An Antane Kapesh, Rita Mestokosho, Joséphine Bacon) aborde ces tensions. L’analyse nous permettra premièrement de constater que les conceptions du terroir et de la relation animal-être-humain-environnement diffèrent amplement de celles de la pensée anthropocentrique et hiérarchique occidentale. Le territoire est un partenaire à l’égal de l’Innu et c’est dans leur relation qu’une responsabilité réciproque se révèle. Il est ainsi relatif à la constitution de l’être innu. Dans la littérature innue, cette vision du monde se manifeste dans le dialogue que les narratrices entretiennent avec l’environnement, mais aussi dans les liens de parenté qu’elles dessinent avec ce dernier. Cette conférence soulignera que ce que l’on qualifiera, en suivant la critique littéraire occidentale, de simple choix de figure de style (la personnification), ne l’est pas et ne relève pas de l’esthétique ou de la rhétorique, mais de la cosmologie innue (cf. Bradette 2022). Par conséquent, c’est dans le dialogue avec le territoire, voire la relation avec l’environnement, que se produit le savoir qui guide les Innus (Altamirano-Jiménez/Kermoal 2016). Cette posture rejoint un autre axe que le lien étroit des Innus à la terre ouvre à la production littéraire, celui de l’autothéorie. En effet, les autrices partent le plus souvent de leurs propres expériences, rendant ainsi le récit intime et produisant du savoir à partir du vécu. La relation avec le territoire est mise en avant et propulse la critique, mais aussi la constitution du soi, en reprenant « les rênes du discours critique sur soi » (Papillon 2023, 4). An Antane Kapesh, par exemple, reconquiert le contrôle sur sa représentation et participe également au discours théorique (environmentalism, les théories de l’écologie et de la gestion d’une société) en montrant que la théorie n’existe pas de façon séparée de l’expérience. La conférence se terminera ainsi par une réflexion des liens entre l’écopoétique et l’autothéorie.

À propos d'Elena Goldhofer

Elena Goldhofer détient une licence en études francophones et en sciences politiques à l’Université de Passau. Après avoir effectué une partie de ses études à l’Université Laval, elle commence en 2025 sa thèse doctorale sur les cultures et les littératures autochtones du Canada francophone, sous la direction de Marina Ortrud M. Hertrampf. Ses travaux s’intéressent notamment à la constitution de soi à travers l’écriture (autobiographie, autofiction, autothéorie) et à la formation à l’éthique à partir de la littérature. En juin 2024, elle a participé au colloque « Les animaux dans les littératures contemporaines de langue française : approches zoopoétiques et écopoétiques » (Université Babeș-Bolyai) avec Diana Mistreanu. En juillet 2024, elle est intervenue dans le colloque « Les Autochtones et/dans les arts et les littératures du Canada francophone contemporain » (Université de Passau). Elle contribuera au volume qui sera publié à la suite de ce colloque et qui constituera l’un des premiers à être consacrés aux littératures autochtones du Québec dans l’espace germanophone. Elle est également membre de la GKS (Association d’études canadiennes dans les pays de langue allemande) et affiliée à son Forum de la relève académique auquel elle a participé en octobre 2024 à l’Université de Brême.

Conférence

Icône de calendrier
mardi 10 juin 2025, 11:00 - 13:00
Icône de lieu
[En ligne]

Affiche

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