École d'été « Littératures autochtones, vérité et réconciliation »
La Chaire de leadership en enseignement sur les littératures autochtones au Québec, le Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA) et le CRILCQ organisent l'école d'été « Littératures autochtones, vérité et réconciliation », sous la responsabilité de Marie-Ève Bradette (cochercheuse CRILCQ, Université Laval) et Edith Bélanger. Les activités se tiendront du 26 au 30 mai 2025, à l'Université Laval.
Les inscriptions sont maintenant fermées. Les deux activités soutenues par le CRILCQ sont ouvertes au public.
Description
L’année 2025 marque le dixième anniversaire de la publication du rapport final de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada (CVR 2015). À la suite d’une longue enquête ayant permis à de nombreux·ses survivant·es des pensionnats de témoigner de leur expérience, le rapport conclut que ces établissements ont été l’instrument d’un génocide culturel des Premiers Peuples au Canada. L’année où le rapport est publié, une nouvelle commission d’enquête est également mise sur pied, cette fois pour analyser les violences systémiques et basées sur le genre dont sont victimes les femmes inuites, métisses et des Premières Nations. En effet, entre décembre 2015 et mai 2016 est entamé un processus de définition des paramètres de ce qui deviendra l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA). Le rapport de cette vaste enquête sera rendu public en 2019; il contient trois volumes dont un est dédié exclusivement au contexte québécois. Ce nouveau rapport, quoique distinct dans ses objectifs et ses sujets d’investigation, apporte une conclusion semblable, et peut-être plus percutante encore, à celui de la CVR : la crise des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées doit être comprise comme partie prenante d’un génocide. L’adjectif « culturel » est supprimé, laissant place à une interprétation beaucoup plus radicale du terme.
Si les deux commissions en arrivent donc à un constat semblable, elles en arrivent aussi à fournir les termes non pas seulement visant une éventuelle réconciliation entre les peuples autochtones et l’État, puis entre les diverses communautés autochtones et allochtones, mais surtout les balises du rétablissement de la vérité au sujet du colonialisme sur les territoires réclamés par le Québec et le Canada actuels. Rétablir la vérité nécessite d’entendre, d’écouter et de reconnaître comme tels les témoignages et les récits des personnes autochtones. Or, si ces témoignages ont été déterminants dans la tenue des deux enquêtes susmentionnées, ils auront aussi un impact important sur la production littéraire autochtone dans l’ensemble du pays. À lire les textes littéraires, autobiographiques et fictifs, qui abordent tantôt l’expérience et l’héritage des pensionnats, tantôt l’enjeu des violences envers les femmes, les filles et les personnes 2ELGBTQ+, on peut reconnaître un tournant narratif, poétique et éthique qui prend forme à la suite de la CVR et de l’ENFFADA. Ce tournant se décline ensuite par le biais de différents sujets et thématiques qui ne débordent de ceux abordés dans les commissions, toujours dans l’objectif de retracer les contours d’une histoire du colonialisme depuis une perspective située et d’ainsi ébranler les discours hégémoniques.
Informée de ce contexte, cette école d’été, offerte aux étudiant·es des trois cycles et aux professionnels (en formule non-créditée), propose une réflexion approfondie sur les liens entre littérature, vérité et réconciliation, de sorte à analyser le rôle que jouent les littératures autochtones dans le rétablissement des vérités. Comment la littérature participe-t-elle, prolonge-t-elle ou remet-elle en question le travail de la CVR et celui de l’ENFFADA? Qu’est-ce qui relie ou différencie les textes produits avant les travaux de ces deux commissions de ceux produits pendant, voire après la fin de ces dernières? Comment réfléchir aux expressions littéraires autochtones dans le contexte plus large des prises de parole publiques ou politiques autochtones? Est-ce que la rhétorique de la réconciliation autorise toutes prises de parole par des personnes autochtones ou allochtones à propos des enjeux autochtones ? Comment réfléchir, dans ce contexte, aux politiques et aux éthiques de la représentation ? Est-ce que le positionnement social et politique des écrivain·es et des artistes est un absolu ? Comment le réfléchir dans un contexte de rétablissement de la vérité par l’art et éventuellement de réconciliation entre les peuples ? Quelle position occupent, quant à elleux, les lecteur·rices ? Ces questions animeront les différentes activités de cette école d’été.
Programmation
À noter que la programmation complète s'adresse aux personnes inscrites, à l'exception de deux activités ouvertes au public.
Lundi 26 mai 2025
9h à 12h - Introduction aux thèmes de l'école
Présentation des titulaires de l'école, Marie-Ève Bradette (CRILCQ, Université Laval) et Edith Bélanger. Cercle de partage avec les participant·es de l'école
13h à 16h - Femmes autochtones et prises de parole
Conférence de Cyndy Wylde
Mardi 27 mai 2025
9h à 12h - S'engager dans la réconciliation
Atelier d'écriture et de traduction collaborative sur les enjeux autochtones animé par Arianne Des Rochers et Shayne Michael
13h à 16h - Partager les sujets sensibles par la littérature
Discussion avec Isabelle Picard et Virginia Pésémapéo Bordeleau.
Cette activité est ouverte au public et accessible en ligne (Zoom).
Mercredi 28 mai 2025
9h à 12h - Des biais historiques dans la littérature du XVIIe à la réappropriation des représentations dans la littérature autochtone contemporaine
Conférences de Edith Belanger et Marie-Ève Bradette (CRILCQ, Université Laval)
13h à 16h - Représenter les femmes et les filles autochtones à l'écran
Projection du film Rustic Oracle et discussion avec la réalisatrice, Sonia Bonspille Boileau
Cette activité est ouverte au public.
Jeudi 29 mai 2025
9h à 12h - Politiques de la représentation des communautés autochtones
Discussion avec Louis-Karl Picard-Sioui et Sébastien Bérubé
13h à 16h - Aborder les enjeux de la rencontre entre les peuples
Table ronde avec Emanuelle Dufour, Pierre Martineau et Véronique Hébert (CRILCQ, UQAM)
Vendredi 30 mai 2025
9h à 12h - Musique autochtone et écoute engagée / Engaged Listening and Indigenous Music
Discussion avec Christian et Allan Nabinacaboo, membre du groupe Violent Ground
13h à 16h - Conclusion de l'école d'été
Cercle de partage avec les participant·es de l'école d'été
École d'été

