Activités

La journée d'étude « Terrains d'écriture contemporains au Québec » est organisée par Charlotte Biron (stagiaire postdoctorale CRILCQ, Université de Montréal) et Martine-Emmanuelle Lapointe (membre régulière CRILCQ, Université de Montréal) et se déroulera le mercredi 8 mars 2023 à l'Université de Montréal, Pavillon Lionel-Groulx, local C-8141.

Présentation de la journée d'étude

Cette journée d’étude fait place à des recherches et à des créations interrogeant les effets, les relations et les motifs qui traversent aujourd’hui les pratiques de terrains et la littérature actuelle. Depuis une vingtaine d’années, le champ littéraire au Québec est marqué par un intérêt sans précédent pour les pratiques documentaires. Observations, sondages, entretiens, enquêtes, récits de vie, les écrivain·e·s délaissent l’intérieur de leur bureau et multiplient les tentatives d’accéder au terrain, empiétant sur le champ d’exploration des ethnographes, journalistes et autres spécialistes du réel, bousculant la répartition tant entre les genres littéraires qu’entre les disciplines. Or, ce désir de travailler à partir d’un matériau vivant, d’expériences vécues, de données recueillies in situ ou d’artefacts coïncide avec d’autres changements dans l’écosystème culturel. Force est de constater que « le partage du réel¹ », pour reprendre l’expression de Robert Dion, se trouve aujourd’hui bouleversé. En effet, ces croisements ne concernent pas seulement les littéraires. Anthropologues, sociologues et reporters transposent elles et eux aussi leurs travaux vers la littérature.

¹ : Robert Dion, Des fictions sans fiction ou le partage du réel, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. « Espace littéraire », 2018.

8 mars 2023

9 h 00 - Ouverture

9 h 15 - Mot d'introduction

Charlotte Biron (CRILCQ, Université de Montréal) et Martine-Emmanuelle Lapointe (CRILCQ, Université de Montréal)

9 h 30 - ALLER SUR LE TERRAIN

Animée par Martine-Emmanuelle Lapointe (CRILCQ, Université de Montréal)

« Surenquête. Si la littérature interroge la police » par Cassie Bérard (UQAM)

« Peut-on parler des autres? Une rencontre pour décentrer la narration » par Claire Legendre (CRILCQ, Université de Montréal)

Discussion

10 h 30 - CONNAISSANCE DU TERRAIN

Animée par Charlotte Biron (CRILCQ, Université de Montréal)

« Le partage de la représentation : ce que l'écologie fait de nos frontières (fiction/réel, humain/non-humain » par Maxime Fecteau (UQAM)

« Le poème-caméra : Noémie Pomerleau-Cloutier, soixante ans après Pierre Perrault » par Marie-Ève Sévigny

Discussion

12 h 00 - Dîner

13 h 30 - RÉALITÉS DE TERRAIN

Animée par David Bélanger (UQTR)

« De la sociologie dessinée à l'utilité de la sociologie : À propos d'une bande dessinée sur l'enfermement des jeunes délinquants » par Nicolas Sallée (Université de Montréal)

« Authenticité et subjectivité dans le bédéreportage au Québec » par Thara Charland (Université McGill)

« Les aventures d'une coiffeuse gauchère » par Barbara Thériault (Université de Montréal)

Discussion

14 h 45 - Pause

15 h - Table ronde : TERRAINS DE RECHERCHE ET DE CRÉATION EN COURS

Animée par Martine-Emmanuelle Lapointe (CRILCQ, Université de Montréal)

« Penser la recherche-création au prisme des pratiques documentaires : entrelacement, brouillage et dévoilement » par Camille Gascon

« La poésie s’appelle rapporte. Enquête de terrain au Festival international de la poésie à Trois-Rivières » par Ludovic Champagne

« Le fantôme dans la machine – Anne Hébert et la radio : 1950-2000 » par Annabelle Moreau

16 h - Mot de clôture

Charlotte Biron (CRILCQ, Université de Montréal) et Martine-Emmanuelle Lapointe (CRILCQ, Université de Montréal)

Participant·es

Cassie Bérard est professeure au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, où elle enseigne les théories de la fiction, les théories de la narrativité et la création littéraire. Elle est également écrivaine ; elle a dirigé trois recueils collectifs de fiction parus chez L’instant même (le plus récent s’intitule Le Cas. Quel domaine judiciaire pour la littérature?), et publié quatre romans, dont La valeur de l’inconnue (2019) et L’équilibre (2021) parus aux éditions La Mèche. Membre du Centre du recherche sur le texte et l’imaginaire Figura, elle bénéficie d’une subvention de recherche-création du FRQSC pour son projet intitulé : La condition policière. Exercices de pouvoir et modes de surveillance en littérature narrative (2021-2024).

Ludovic Champagne est candidat au doctorat en Lettres à l’UQTR. Sa thèse porte sur la figure et l’imaginaire du poète national au Québec en rapport avec le poste de Poète officiel du Parlement canadien. Il est aussi l’auteur d’un mémoire en recherche-création en Études littéraires (UQAM) explorant les modes de l’enquête en littérature et a codirigé l’œuvre collective Le Cas. Quel domaine judiciaire pour la littérature ? (L’instant même, 2021). Ses autres textes peuvent être lus dans les revues Post-, Mœbius et Lapsus ainsi que dans le recueil poético-politique Contre-attaque esthétique publié en 2020 par la revue L’Esprit libre.

Thara Charland est chercheuse postdoctorale à l’Université McGill et chargée de cours à l’Université de Montréal et à l’Université du Québec à Rimouski. Intitulé Montréal imaginaire : Ville et bande dessinée, son projet porte sur les multiples représentations de la métropole dans la bande dessinée contemporaine. Ses recherches se concentrent principalement sur la poétique des lieux et sur les liens entre le texte et l’image dans la littérature québécoise contemporaine.

Maxime Fecteau est étudiant au doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal, sous la direction de Martine Delvaux. Il a consacré son mémoire de maîtrise à l’art du personal essay dans la littérature américaine. Ses recherches actuelles concernent l’élaboration essayistique et métaphorique de la science dans les œuvres d’écologistes canadiennes et américaines, depuis Printemps silencieux (1962) de Rachel Carson jusqu’à À la recherche de l’arbre-mère (2021) de Suzanne Simard. Son premier livre, Fragments d’un enfant du millénaire, un recueil lyrique et théorique, est paru aux éditions Nota bene en 2021. Ses textes sont aussi parus dans plusieurs collectifs et revues, notamment BESIDE, MuseMedusa et Saturne.

Camille Gascon est doctorante au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal sous la direction de Jean-Marc Larrue et de Claire Legendre. Dans le cadre de sa thèse en recherche-création, elle étudie les « effets d’authenticité » dans les pratiques théâtrales documentaires contemporaines.

Claire Legendre est professeure de création littéraire à l’Université de Montréal depuis 2011. Ancienne pensionnaire à la Villa Médicis, elle a publié une douzaine de livres en France et au Québec, dont la plupart sont des romans (Making-of, Viande, La méthode Stanislavski, L’écorchée vive, Vérité et amour…). En 2015 elle a signé Le nénuphar et l’araignée, un essai autobiographique sur la peur et elle a dirigé, en 2020, le collectif Nullipares, réunissant les textes de dix autrices qui n’ont pas porté d’enfant. Elle donne depuis 2013 un séminaire de recherche-création consacré aux écritures du réel, qui tente de réunir sous une même enseigne récits de soi, performances et écritures documentaires. Sa trilogie Bermudes (2018-2021) fait dialoguer roman, film documentaire et création scénique.

Annabelle Moreau est écrivaine et éditrice. Elle a été la rédactrice en chef de la revue Lettres québécoises entre 2017 et 2021 et rédige actuellement une thèse de doctorat en littérature à l’Université McGill, où elle travaille la notion de voix et d’entretiens littéraires radiophoniques au Québec. Elle est la cofondatrice de Pavillons.ca, une plateforme numérique dédiée à la création.

Nicolas Sallée est professeur au département de sociologie de l’Université de Montréal, et directeur du Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS). Ses recherches principales portent sur les mutations des systèmes de justice des mineurs : il croise, pour cela, l’histoire des institutions de traitement, d’encadrement et d’enfermement des jeunes délinquants, et l’observation des pratiques quotidiennes de leurs agents. Après un long travail sur cette question en France, qui a donné lieu à un livre paru en 2016 (Éduquer sous contrainte. Une sociologie de la justice des mineurs, Paris, éditions de l’EHESS), il prolonge ses travaux au Québec, et plus spécifiquement à Montréal. Il a notamment publié, sur le cas québécois, la bande dessinée Se battre contre les murs. Un sociologue en Centre jeunesse (Atelier 10/La Pastèque, 2021 – avec A. Dion-Fortin). Un nouveau livre, intitulé Sous la réhabilitation, le contrôle. La justice des mineurs au XXIe siècle, est paru en février 2023 aux Presses de l’Université du Québec.

Nicolas Sallée s’intéresse également, dans le cadre d’autres projets, au suivi médico-légal de personnes atteintes de troubles mentaux, ainsi qu’à la régulation pénale de la sexualité et au traitement judiciaire des violences sexuelles, en particulier de l'inceste. Il développe enfin, depuis 2021, un projet transversal sur les réactions sociales à la non-conformité de genre durant l’enfance et l’adolescence.

Marie-Ève Sévigny est titulaire d’un doctorat en études littéraires. Elle est chargée de cours à l'UQAR. Sa thèse, Bipolarité d’une ville-récit : la ville de Québec dans le roman québécois (1934-2008), a été menée grâce au soutien de la Bourse du Canada Vanier. Ses travaux s’intéressent aux représentations du territoire, plus particulièrement urbaines. En 2023, elle publiera : « "Je marche avec des bottines rouges" : trajectoires féministes et politiques dans Les remparts de Québec d’Andrée Maillet », dans Quebec Studies, 74, 11-33; ainsi que : « Le paradoxe urbain de Michelle Le Normand : la "Page du foyer" (Le Devoir, 1917-1925) », dans Chantal Savoie et Marie-Noëlle Huet (dir.), Modernités culturelles au féminin (1900-1960), Montréal, Éditions Somme toute. Elle est aussi romancière (Sans terre, Héliotrope, 2016; Le mot et le reste, 2020) et animatrice dans les événements littéraires.

Formée en Allemagne, Barbara Thériault est sociologue; professeure au Département de sociologie de l’Université de Montréal; responsable de la section « Feuilleton » de la revue Sociologie et sociétés; coéditrice de Siggi, le magazine de sociologie; traductrice de feuilletons et de miniatures de l’allemand vers le français; écrivaine publique de Lviv (2018) et Halle (2022); coiffeuse.

Organisatrices

Charlotte Biron est chercheuse, autrice, artiste sonore et chargée de cours à l’université en littérature. Elle est titulaire d'un doctorat en études littéraires de l'Université Laval en cotutelle avec l'Université Montpellier 3. Sa thèse D’Arthur Buies à Gabrielle Roy, une histoire littéraire du reportage au Québec paraîtra en 2023 aux Presses de l’Université de Montréal. Son mémoire de maîtrise Mavis Gallant et Gabrielle Roy, journalistes est paru en 2016 chez Codicille éditeur. En 2022, Jardin radio, son premier roman, paraît aux éditions du Quartanier. Il est finaliste au prix du Gouverneur général et au Rendez-vous du premier roman. Charlotte Biron mène actuellement un projet de recherche postdoctorale sur la littérature québécoise qui s'intitule « Terrains d'écriture contemporains au Québec » (CRSH, 2021-2023).

Martine-Emmanuelle Lapointe est professeure au Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal et directrice de la collection « Nouvelles études québécoises » des Presses de l’Université de Montréal. Elle a publié chez Fides en 2008 Emblèmes d’une littérature. Le libraire, Prochain épisode et L’avalée des avalés (Prix Jean Éthier-Blais 2009). Elle a également collaboré à l’Histoire de la littérature québécoise, corédigé par Michel Biron, François Dumont et Élisabeth Nardout-Lafarge (Boréal, 2007), et codirigé Transmission et héritages de la littérature québécoise (PUM, 2011), Le printemps québécois. Une anthologie (Écosociété, 2013) et Je me souviens, j’imagine. Essais historiques et littéraires sur la culture québécoise (PUM, 2021).