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Colloque « Espaces-Sexualités-Pouvoirs »

Depuis le début du 21e siècle, les représentations littéraires, artistiques et médiatiques de la sexualité, autrefois cantonnées dans les créneaux érotiques et pornographiques, se multiplient et s’inscrivent désormais dans un champ élargi. Se multiplient parallèlement les conceptions mêmes de la sexualité, désormais conjuguée au pluriel. D’un régime hétérosexuel hégémonique, nous sommes passés à un régime où des sexualités longtemps minorisées, stigmatisées et rejetées s’affichent sans plus de honte, troublant l’ordre canonique du sexe/genre/désir qu’a décrit Judith Butler (2005).

De nouveaux regards portés sur « la » sexualité viennent par ailleurs concurrencer les conceptions naturalistes qui justifiaient le vieux régime. Il est admis que la sexualité a affaire au pouvoir (Foucault), et qu’elle circule sous formes de « scripts » dans l’espace social et culturel (Gagnon). Ce pouvoir, à son tour, circule entre les sujets, lesquels sont façonnés par maints dispositifs, dont l’espace, qui leur assignent les positions qu’ils doivent occuper; les sujets, en retour, ont le pouvoir de modifier les usages spatiaux. Ainsi, dans les représentations littéraires, artistiques et médiatiques, la sexualité apparaît comme un motif privilégié pour saisir les dynamiques de pouvoir, notamment parce que ces représentations rendent patent le dispositif des espaces/lieux qui les avaient jusque-là déterminées.

De fait, les femmes (cis et trans) ainsi que les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre ont investi non seulement les espaces autrefois interdits mais également le champ des représentations sexuelles, autrefois réservé aux hommes. Dès lors, il n’est pas étonnant que les représentations littéraires, artistiques et médiatiques participent à cet éclatement des sexualités, au rejet féroce de l’hétéronormativité et à la multiplication des perspectives ancrées dans celle des espaces où les lignes de pouvoir se fractionnent, se dispersent et s’étoilent. C’est donc sur la question spécifique de la ou des sexualités dans leur rapport aux espaces que portera le colloque.

Quels changements entraînent les nouvelles logiques distributives du pouvoir et des espaces – référentiels ou imaginaires, utopiques ou dystopiques ? Quelles reconfigurations sont occasionnées par le changement de régime évoqué plus haut ? Quels effets ces logiques ont-elles sur les représentations ? À quelles textualités, quelles images, quels scénarios donnent-elles forme ? Quelles nouvelles territorialités émergent ? Comment des identités inédites reconfigurent-elles les pratiques sexuelles dans un espace donné? Considérant que le partage des espaces est toujours négocié en fonction de différents marqueurs qui pondèrent l’identité (race, classe sociale, âge, appartenance ethnique et religieuse) et lui confèrent plus ou moins de pouvoir, que nous dit cette distribution du pouvoir entre les sexes/genres/orientations sexuelles à travers ces configurations spatiales, notamment la mise en espace de la sexualité ? Est-il possible de penser la sexualité hors des asymétries de genre, dans une économie de la réciprocité ? Quels lieux sont réservés aux pratiques sexuelles et à qui appartiennent-ils ? C’est à ces questions que ce colloque invite à réfléchir.

Colloque organisé par Isabelle Boisclair (membre régulière CRILCQ, Université de Sherbrooke), Nicole Côté (Université de Sherbrooke), Lori Saint-Martin (membre régulière CRILCQ, Université du Québec à Montréal) et Charlotte Comtois (membre étudiante CRILCQ, Université de Sherbrooke), qui aura lieu au Campus de Longueuil de l'Université de Sherbrooke, du 28 au 30 avril 2022.

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Programme

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