L'économie littéraire de l'amour. Les écrivaines face à l'idéologie conjugale française (XIXe - XXIe siècles)
Si l’idée que l’amour et la conjugalité vont de pair est récente, elle n’en est pas moins devenue un thème idéologique consacré de notre époque. Plusieurs femmes de plusieurs époques et de plusieurs allégeances ont montré que le « sentiment amoureux » moderne, associé à un mode de vie conjugal, hétérosexuel et monogame, était une illusion fabriquée pour justifier un rapport de propriété avant tout économique. Ainsi, à partir du XIXe siècle au moins, on assiste à l'avènement d'une contestation marquée du mariage et, plus généralement, de la conjugalité bourgeoise. Cette critique, qui insistera toujours davantage sur une politisation de l'amour et de l'intime, trouvera à s’exprimer sous forme théorique autant que poétique.
Ce colloque vise à étudier l’impact et la réception de l’idéologie qui lie conjugalité et amour en France, chez les écrivaines qui assistent à son avènement, à son essor ou à son triomphe. Il s'agit de comprendre comment – et jusqu'à quel point – une bourgeoisie montante a pu imposer ses thèses culturelles à l’ensemble du monde social, malgré les voix qui se sont élevées ici et là pour les critiquer.
Comité d’organisation :
- Alexis Ross (CRILCQ, UQAM)
- Marie Pier Tardif (CRILCQ, UQAM)
- Jean-François Hamel (Figura, UQAM)
- Iraïs Landry (UQAM)
- Louis-Thomas Leguerrier (Université de Montréal)
Programme
9 h 30 – Séance 1 : XIXe siècle
Nassima Abadlia, Université Mohammed Lamine Debaghine Sétif 2
« Figures féminines dans les fictions de Germaine de Staël, entre idéal amoureux et conjugalité. Lecture de Delphine et de Corinne ou de l’Italie »
Marie-Pier Tardif, CRILCQ, Université du Québec à Montréal
« La conception de l'amour libre chez les femmes de lettres dans la presse anarchiste »
Rosemarie Fournier-Guillemette, CRILCQ, Université du Québec à Montréal
« Jane Austen en France : raison ou sentiment? »
11 h 15 – Séance 2 : XXe siècle
Clémence Bideaux, Université du Québec à Trois-Rivières
« Plus qu’une plaisanterie? Le triangle amoureux comme critique sociale des relations homme/femme dans La nuit de Michèle Bernstein »
Aya Nakamura, Université Lumière Lyon 2
« La conjugalité dans Ravages et La Bâtarde de Violette Leduc »
13 h 30 – Séance 3 : XXe siècle (bis)
Iraïs Landry, Université du Québec à Montréal
« "La vieille algèbre de l’amour" : logique conjugale et écritures féminines dans le cycle indien de Marguerite Duras »
Louis-Thomas Leguerrier, Cégep de Sept-Îles
« "j/e reste m/oi avec toi d’une férocité totale" : conjugalité extrême et utopie amoureuse dans Le corps lesbien de Monique Wittig »
Jeanne Mathieu-Lessard, Université d'Ottawa
« "Ça dure toute la vie, une évasion […]. Les barreaux repoussent." Les luttes fécondes de Benoîte Groult »
15 h 15 – Séance 4 : XXIe siècle
Fanny Cardin, Université Paris-Diderot
« Dire l'aliénation dans la vie domestique : approche de l'écriture du quotidien chez Annie Ernaux dans la Femme gelée et Les années »
Madioula Kébé, Université du Québec à Montréal
« Aimer, vivre et exister sous l’identité d’une femme noire dans la France actuelle : Blues pour Élise, de Léonora Miano »
Journée d'étude
