Midi-CRILCQ avec Stéfany Boisvert, « Les transformations des personnages féminins des téléséries québécoises à l'ère des récits “postféministes” »
Dans le cadre des midis-CRILCQ, Stéfany Boisvert présente une conférence intitulée « Les transformations des personnages féminins des téléséries québécoises à l'ère des récits “postféministes” ». L'activité aura lieu le jeudi 16 novembre à 11 h 30, au local 4433B du pavillon Louis-Jacques-Casault de l'Université Laval.
Notice
Stéfany Boisvert détient un doctorat conjoint en communication (Université du Québec à Montréal, Université de Montréal, Université Concordia). Elle est maintenant chercheuse postdoctorale au sein du département d’histoire de l’art et d’études en communication de l’Université McGill (bourse FRQSC) et chargée de cours à l’École des médias de l’UQAM. Sa recherche doctorale portait sur la représentation des identités masculines et des discours de genre dans les séries télévisées nord-américaines contemporaines. Se spécialisant dans l’étude de la télévision, du cinéma et des cultures populaires, elle travaille maintenant à une analyse des discours identitaires de genre dans diverses formes de sérialité audiovisuelle (télévision, cinéma, jeux vidéo, contenu numérique convergent, etc.). Elle a notamment publié des articles dans la Revue canadienne d’études cinématographiques, Télévision, Cinéma & Cie et Screen. Entre autres projets, elle prépare aussi actuellement un livre, en collaboration avec Pierre Barrette, sur la question de la diversité à la télévision (éditions Remue-ménage).
Résumé
Cette conférence s’intéressera à la représentation – complexe et ambivalente – des femmes dans les téléséries québécoises depuis 2015. Il sera démontré que la transformation de certains modèles narratifs s’accompagne d’ambivalences idéologiques, signe d’une volonté de diversification et de contestation de stéréotypes sexistes, mais aussi d’un attachement tenace à des conceptions traditionnelles, conservatrices, ou du moins limitatives, du féminin. Si ce constat pourrait certes s’appliquer à d’autres médias, il est néanmoins révélateur d’analyser les articulations spécifiques des identités féminines à la télévision, ce média étant souvent perçu comme ontologiquement « féminin » et anticipant une majorité de femmes au sein de ses publics. Les visions conformistes du public des émissions et de l’« identité » de la télévision elle-même, l’émergence de récits « postféministes » ou encore la tendance à une légitimation « masculine » des nouvelles séries télévisées ont ainsi eu une incidence décisive sur les modèles identitaires et les récits dominants du petit écran. Dans cette présentation, la notion de « postféminisme » sera ainsi employée de manière critique afin d’analyser différentes tendances discursives et idéologiques des téléséries québécoises, telles que le contre-stéréotype du renversement des genres, la représentation de femmes fortes, carriéristes et autonomes, mais aussi la revalorisation « essentialisante » de la vulnérabilité psychologique ou de l’identité féminine relationnelle. Pour ce faire, cette présentation proposera un survol de séries contemporaines (Ruptures, Les Simone, L'Échappée, Marche à l’ombre, Blue Moon, District 31, etc.), qu’elles soient issues d’une chaîne généraliste, d’une chaîne câblée ou d’une nouvelle plateforme numérique. Dans un contexte caractérisé par la mutation du média télévisuel et de ses plateformes, le fait de s’intéresser à des séries associées à différents diffuseurs permet en effet de ne pas oublier l’influence que ceux-ci ont également sur la mise en récit des identités et destins féminins.