Conférence d'Isabelle Collombat : « La traduction (littéraire) (n’) est (pas qu’) une histoire d’amour »
Isabelle Collombat (CRILCQ – U. Laval) présentera une conférence intitulée « La traduction (littéraire) (n’) est (pas qu’) une histoire d’amour » le jeudi 21 avril 2016 à 11h45 au Pavillon Lionel-Groulx de l'Université de Montréal.
Résumé
La professionnalisation du métier de traducteur qui a caractérisé la deuxième moitié du XXe siècle s’étend aujourd’hui à la sphère littéraire : de fait, rares sont les traducteurs littéraires à temps plein qui ont le loisir de choisir l’œuvre à traduire. En effet, aussi difficile que cela soit à entendre, « une frontière abrupte sépare ceux qui peuvent prendre l’initiative de proposer à un éditeur la traduction de tel ou tel « classique » (universitaires et écrivains le plus souvent) et ceux qui reçoivent des commandes qu’ils n’ont pas toujours les moyens de refuser » (Kalinowski 2002 : 51). Même si les observations de Kalinowski ont été effectuées à la suite d’entretiens avec des traducteurs littéraires français, elles paraissent transposables au contexte canadien. Les statistiques de l’Index Translationum indiquent en outre que les principaux éditeurs de traductions au Canada œuvrent dans des domaines comme la vie pratique, le développement personnel, la psychologie populaire, la littérature jeunesse ou les manuels scolaires. Partant de ces constats, et en tenant compte de l’évolution du marché même de la traduction littéraire au Canada, la présente communication entend aborder la traduction littéraire sous l’angle praxéologique, c’est-à-dire comme pratique professionnelle : il s’agira, dans un premier temps, de poser les fondements d’une nécessaire différenciation entre la traduction littéraire et la traduction d’édition, qui désigne toute traduction destinée à la publication sous forme de livre au sens éditorial du terme. Cette distinction, rarement opérée, présente cependant l’avantage de circonscrire le contexte professionnel d’exercice propre à la traduction d’édition, qui constitue un point commun entre des traducteurs de spécialisations pourtant différentes. Ainsi, dans un deuxième temps, sera exposée une réflexion épistémologique sur la dichotomie qui oppose traditionnellement traduction littéraire et traduction spécialisée et les pistes qui permettraient un salutaire changement de paradigme.