Vient de paraître aux éditions Point du jour : Michelle Le Normand, À toi, de tout cœur, Lettres d’amour à Léo-Paul Desrosiers 1920-1922, texte transcrit et annoté par Georges Aubin, introduction par Adrien Rannaud (membre associé du CRILCQ).
La lecture des lettres qu’adresse Michelle Le Normand à Léo-Paul Desrosiers au début des années 1920 pulvérise, à bien des égards, quelques lieux communs de l’histoire littéraire. Cette correspondance inédite entre deux acteurs éminents de la vie littéraire du siècle dernier contribue à faire sortir de « l’ombre du grand homme » une femme de lettres audacieuse et bien plus moderne qu’il n’y paraît. Réunies et annotées ici par Georges Aubin, les quelque 150 lettres écrites par Le Normand offrent, à qui le souhaite, la possibilité de réajuster notre regard et notre compréhension de la littérature québécoise, à partir du point de vue si particulier d’une jeune écrivaine au début du XXe siècle, et du lieu privilégié où se nouent et se dénouent les relations, l’écriture épistolaire […] Car cette correspondance sous tension, charnière à plus d’un titre pour ses deux protagonistes, ne figure pas seulement – loin de là ! – un répertoire de noms, de rites sociaux, d’informations et d’artefacts issus d’un passé qu’il faudrait à tout prix saisir. Au contraire, les jeux et délices de l’écriture épistolaire, le récit que (se) fait Michelle Le Normand d’elle-même et de sa vie sentimentale, les plaidoyers enthousiastes procurent un plaisir sincère de lecture qui dépasse, de loin, la seule fonction documentaire de ces lettres. « Je me mets à l’œuvre. Je me suis fait la plume en vous écrivant », consigne l’épistolière le 12 novembre 1921. La boucle est bouclée, le romancier devient auxiliaire, relégué à l’ombre de la grande femme et de la littérature.
