« La recherche en archives, la recherche sur les archives »
Colloque étudiant conjoint du GRÉLQ et du CRCCF
16 et 17 mars 2017
Sherbrooke
Ainsi naît le sentiment naïf, mais profond, de déchirer un voile, de traverser l’opacité du savoir et d’accéder, comme après un long voyage incertain, à l’essentiel des êtres et des choses. L’archive agit comme une mise à nu ; ployés en quelques lignes, apparaissent non seulement l’inaccessible mais le vivant.
Arlette Farge, Le goût de l’archive, 1989
Pour la 10e édition de son colloque étudiant, le Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ) s’associe au Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) et invite les jeunes chercheures et chercheurs à réfléchir aux nombreuses perspectives entourant les pratiques et les usages des archives en histoire culturelle, en histoire intellectuelle et en histoire du livre.
Une des grandes tendances de la recherche actuelle consiste à relire l’histoire des pratiques culturelles à partir des archives. Interface mouvante entre le privé et le public ; coulisse où se trament, se comptent et se discutent les projets ; fabrique des amitiés et des stratégies de placement de soi, le document d’archives permet, pour qui souhaite s’y confronter, de découvrir les mécanismes de production, de réception et de médiation de la culture de l’imprimé. Ce « goût de l’archive », qui s’accompagne de ce que Madeleine Gagnon nomme le « risque de l’archive », nécessite une connaissance des fonctionnements matériels entourant les fonds d’archives, ainsi qu’une approche méthodologique qui tend à revisiter les outils d’analyse traditionnellement dévolus aux études littéraires et culturelles.
C’est sur cette voie que le colloque souhaite se pencher sur la recherche dans les archives et sur les archives. Plus spécifiquement, on cherchera à réfléchir conjointement sur les pratiques de dépouillement et d’analyse des corpus archivistiques, et sur l’importance du support pris ici dans sa diversité et sa complexité : écrits personnels et intimes, dossiers d’entreprises éditoriales, livres, périodiques, etc. Les sujets suivants, qui ne constituent pas une liste exhaustive, pourront être abordés au gré d’exemples européens ou nord-américains dans la perspective de l’histoire du livre et de l’édition et, plus largement, de l’histoire culturelle :
- La pratique des archives : Quelles sont les méthodes de collection, de lecture et de compulsation des documents ? À partir de quels outils théoriques ? Comment surmonter les défis que constituent les corpus de grande ampleur ? Quelles sont les retombées scientifiques d’une recherche menée dans les archives ?
- Quand l’archive rencontre le livre : Comment les archives éditoriales peuvent-elles être exploitées ? De quelle manière nous éclairent-elles sur les stratégies individuelles et collectives des agents du livre au sein d’une entreprise d’édition ? Que nous apprennent les correspondances entre l’éditeur, l’auteur et les différents agents de production (illustrateur, imprimeur, diffuseur, critique, médias) sur le système du livre ?
- Les archives à l’épreuve du numérique : En quoi les bases de données électroniques modifient-elles nos rapports à l’exploration des fonds ? Comment permettent-elles d’interroger de façon novatrice les pratiques, les discours et les trajectoires ? De quelle manière les supports archivés se transforment-ils une fois à l’écran ? La diffusion électronique des collections réactualise-t-elle notre rapport au patrimoine culturel ?
- Autour d’un imaginaire de l’archive : Quelles sont les pratiques de conservation observées chez un auteur, un éditeur ou tout autre acteur culturel ? Comment ce dernier en rend-il compte dans ses correspondances, dans son journal ou dans ses dossiers ? En quoi cet imaginaire de l’archive est-il une caisse de résonance de notre rapport à la mémoire ?
Les communications d’une durée de 20 minutes seront suivies d’une période de questions de 10 minutes.
Les propositions de communication en français, comprenant un titre, un résumé d’environ 250 mots ainsi qu’une courte notice biographique, doivent être envoyées par courriel au plus tard le 21 octobre 2016 à colloque.etudiant.sherbrooke@gmail.com.
Comité organisateur
Ariane Brun del Re (Université d’Ottawa)
Marie-Pierre Labonté (Université de Sherbrooke)
Adrien Rannaud (Université de Sherbrooke)